En voici un exemple concret, celui de sourate El-Houdjourate qui, grâce à l'appel et à l'exemple, peut être structurée à la perfection. Comme son nom l'indique, elle est d'une architecture modèle. Sourate El-Houdjourate est en effet structurée en deux parties. Parmi les auteurs qui se sont particulièrement concentrés sur cette sourate et surtout sa belle structure qui attire, il y a le chercheur Hassen Ramadane Fahla, qui lui a consacré tout un ouvrage intitulé Les objectifs généraux dans sourate El-Houdjourate en y distinguant six chapitres, paru en 1990, donc récent. Il s'inscrit dans la nouvelle tendance voulant approcher autrement le texte coranique, en s'efforçant de recourir aux techniques modernes d'analyse. C'est pour cela qu'il a attiré notre attention. Nous pensons que cet essai a mis le doigt là où il fallait car il ouvre une grande brèche pour une approche logique du texte coranique en se démarquant des analyses, pardon d'absence d'analyses de la plupart des exégètes modernes qui se contentent de reproduction souvent mal faite. Ce qui frappe chez cet auteur. C'est en retravaillant son ouvrage que j'avais personnellement réussi à affiner la structure de la sourate pour la rendre encore plus accessible, y compris dans la langue de traduction. Qu'on observe : la sourate n'a pas six chapitres mais sept chapitres, avec la différence, comme le note Jacques Berques et d'autres chercheurs, dans les formes et styles coraniques, d'une symétrie entre les techniques d'appel, au nombre de six, résumant les principes généraux de la vie citadine, première partie, et la réponse aux dires de gens incultes qui voulaient imposer leurs habitudes, deuxième partie. De là, on a : Première partie : Six appels Elle est basée sur la technique de l'appel et en renferme six qui jettent les principes de base de la vie dans une cité musulmane. À remarquer que les appels en tant que technique principale communicative, sont suivis par des ordres et des affirmations en tant que technique secondaire permettant d'encadrer le texte coranique à la perfection. C'est pour cela que nous les mettons en exergue en tant que repères importants. 1. Les deux premiers, lancés à l'endroit des croyants (Ô vous qui avez cru) jettent le fondement de la religion, se rapportent respectivement au respect de la religion, (v. 01) et celui du Prophète (02-05). 1. Les troisième, quatrième et cinquième, également s'adressant aux croyants, qui définissent les bases des relations entre les croyants, ont trait à la crédibilité de l'information (06-08) et la nécessité de réparer le tort en cas de désinformation aux conséquences graves (09-10), le respect des gens entre eux et des femmes entre elles (11) et l'interdiction des soupçons et des médisances (12). Le sixième qui, lui, s'adresse aux gens en général, concerne la relation en cas de paix, entre les croyants et les autres peuples sur la base du respect de la personne humaine, sans distinction de race, de sexe ou de religion. (13). En voici cette architecture, très limpide, montrant toute l'éloquence pour communiquer les appels pour la première partie instituant les fondements de la cité en Islam et la présentation d'un cas de comportement à éviter, car nuisible à la civilisation. On a : - Appel un : “Ô vous qui avez cru, ne devancez pas Dieu et son envoyé…”(01) - Appel deux : “Ô vous qui avez cru, n'élevez pas la voix au dessus de celle du Prophète …”(02) - Appel trois : “Ô vous qui avez cru, -si un dépravé vous ramène une nouvelle, vérifiez sa véracité,…(06-08) -si deux groupes parmi les croyants se déclarent la guerre, arrangez entre eux…” (09-10) - Appel quatre : “Ô vous qui avez cru, ne vous moquez pas les uns des autres …”(11) - Appel cinq : “Ô vous qui avez cru, abstenez-vous de vous livrer aux conjectures sur autrui …”(12) - Appel six ; “Ô vous les hommes, nous vous avons créés d'un mâle et d'une femelle …”(13) Deuxième partie : Deux dires des A'ârabs, et réponses La deuxième partie obéit à une autre logique communicative puisque elle renferme deux dires de la part des gens a'arabs, qui signifie bédouins incultes, à ne pas confondre avec Arabes, qui voulaient imposer leurs comportements et influer sur le Prophète (Prière et Salut soient sur lui), suivis chaque fois de la réponse pour repousser leur prétention et les corriger. 1er dire : Pas question d'imposer ses points de vue ou sa prétention Ce dire ou prétention est suivi de deux réponses (dis) “Les A'ârabs ont dit qu'ils avaient cru. -Dis : Vous ne croyez pas. Dites plutôt : Nous nous étions soumis !... (14-15) -Dis : Allez-vous apprendre à Allah votre religion…”(16) 2e dire : Pas de surenchère. “Ils te rappellent comme une faveur leur conversion à l'islam.” -”Dis : Ne me rappelez point votre conversion à l'islam. C'est plutôt Dieu qui vous en rappelle…” (17-18) Cette façon de présenter est ainsi un moyen pédagogique fiable et sûr en rendant la sourate très accessible pour communiquer le contenu, sa compréhension et son rappel y compris dans les langues d'interprétation. Son utilité est que l'on peut la généraliser à tout le Coran médinois et donc de révolutionner les méthodes d'approche. Jusqu'à présent les récitants se martèlent la tête pour appendre. À l'avenir, on fera plus appel à l'intelligence. Malek Bennabi, que Dieu ait son âme, l'avait senti. Le regretté Jacques Berque l'avait prédit. Arkoun, que Dieu ait son âme, nous avait pressé de nous réveiller pour stopper les ravages des méthodes dépassées dans nos écoles ! Plus jamais les choses ne seront comme auparavant ! Le noble Coran n'a pas fini de révéler ses secrets. Pas ceux produisant des mauvaises fatwas. De la science, de la bonne éducation et de l'intelligence. Comme les principes contenus dans El-Houdjourate. Prochain article : Le coran médinois et les techniques de communication (À suivre) SmaIl BOUDECHICHE Email :[email protected] Conclusion : Dans sourate El-Meïda (la Table), le verset 67, sous forme d'appel, adresse à l'endroit du Prophète : “Ô toi, Prophète ! Communique ce qui t'a été révélé de ton Seigneur…” Tous les musulmans en général, les savants en particulier témoignent que le Prophète, (Prière et Salut soient sur lui), a entièrement rempli sa mission. À son tour, il nous a demandé de communiquer au moins un verset dans la vie.Grâce aux techniques de l'appel et de l'exemple comme on vient de le voir, il est permis de mieux apprendre, d'assimiler, de se rappeler et de communiquer des sourates entières avec rapidité et efficacité. C'est pourquoi la recherche scientifique en vue d'exploiter les techniques modernes de communication dans le Coran permettra aux générations futures de mieux approcher le texte coranique et d'ouvrir à l'apprentissage du Coran des horizons immenses et inédits. Ceci y compris dans la langue de traduction et d'interprétation comme on vient de le constater.