Un récital varié. Du soufi au âaroubi en passant par l'andalou. Une interprétation magistrale dans une ambiance empreinte d'émotion. La diva algérienne de la chanson arabo-andalouse, Nassima Chaabane, a animé, vendredi soir, à 23h, un concert caritatif à l'occasion de Leïlet el-kadr (la Nuit du destin) au grand chapiteau de la Médina de la Radio algérienne & Nedjma. Ces deux partenaires, en partenariat avec le Croissant-Rouge algérien, se sont associés pour célébrer cet événement en faveur de 300 enfants issus de familles défavorisées. Avant l'entame du concert, une animation enfantine a été assurée par deux clowns qui, par leurs pitreries, ont fait rire aux éclats l'assistance. Il était plus de 23h quand celle qui a fait ses classes chez les plus grands maîtres de la chanson andalouse en Algérie – Mohamed Benguergoura, Sadek Bedjaoui et Hadj Hamidou Djaïdri – fit son entrée, vêtue d'un q'wiyet vert et violet, rehaussé de broderies et autres dorures tout en sobriété. Après avoir salué son public – qui l'accueille avec une salve d'applaudissements et de youyous – qui s'est déplacé pour elle, pour se laisser envoûter par son timbre vocal exceptionnel, la chanteuse débute son récital par Khetten ya khettan, une chanson de circonstance, relative à la circoncision. S'ensuivirent d'autres titres extraits de son album Voix soufie, voix d'amour, mais également du patrimoine musical algérien. Des airs diffus, entraînants, aux sonorités multiples d'ici et d'ailleurs empreintes de nostalgie. Layla ou Layssa fil woujoud, de Cheikh Ahmed Laalaoui, Ya rijel… des chansons spirituelles qui appellent à l'amour et à la paix, une catharsis qui nous réconcilie avec nous-mêmes et le genre humain. d'une voix modulée, voire domptée, cette virtuose, une mezzo-soprano, a su installer une atmosphère de communion, laissant le public connaisseur s'abreuver des paroles que de belles mélodies habillaient. Oumi, un titre “dédié aux mamans du monde entier”, lance-t-elle aux présents. Les minutes s'égrènent, le récital gagne en beauté et musicalité. Nassima dévoile sa maîtrise du canevas de l'art de la chanson, qu'elle soit soufie ou arabo-andalouse, avec toutes ses dérivées. Le vibrato de l'artiste n'ajoutait que contenance et constance à l'interprétation. En témoigne Ya Noudjoum ellil, de Cheikh El-Hasnaoui, qu'elle rehause d'un istikhbar sublime, mélodieux à l'écoute ; ou bien Aya froukh ifirellès (l'Oiseau migratteur) de Slimane Azem, une interprétation sans faute et sans accent, grattant avec dextérité les cordes de son mandole. Changement de rythmes, le son du goumbri fuse pur et puissant. Hajert Bladi (J'ai quitté mon pays), une ode pour l'Algérie. Elle l'a composée en quittant son pays dans les années 1990. Un moment d'intense émotion qu'elle partage avec les présents, qui l'ont longuement ovationnée… El-Horm ya Rassoul Allah et Aâziza Aâliyia … Un khlass annonçant la fin de la soirée. En cette soirée de la veille du 27e jour de Ramadhan, Leïlet el-kadr, Nassima Chaabane a charmé par sa voix et subjugué l'auditoire par ses chansons. Schéhérazade était là, présente. Point d'histoire pour avoir la vie sauve, mais de la belle parole chantée, véhiculant spiritualité et amour au sens le plus large. Un récital peaufiné, dénotant un travail musical et artistique aux facettes multiples, exécuté avec perfection, sans fausse note aucune.