Le mois de jeûne tire à sa fin. Les cuisines se transforment en pâtisseries le temps d'un Aïd. Aucune famille ne dérogera aux “traditionnels” gâteaux. Nouveau comportement dans le domaine du sucré : deux cartes de spécialités. La première, luxueuse, regroupe les gâteaux aux amandes pour les visiteurs de “marque” et les échanges d'assiettes, la seconde, composée de biscuits, fera surtout le bonheur des enfants au petit-déjeuner qui suivront la fête qui marque la rupture du jeûne. Aïd mabrouk. TORNO INGREDIENTS l 125 g de beurre fondu l 150 g de sucre en poudre l 3 œufs l Une pincée de sel l Un sachet de levure chimique l Zeste d'un citron l Vanille l Farine selon absorption Pour décorer : l Un jaune d'œuf mélangé à un peu de vanille l Vermicelles en couleur l Confettis en sucre ou autres décors Préparation l Battre les œufs et le sucre jusqu'à blanchissement du mélange. Ajouter le beurre fondu, la vanille, le zeste de citron, la pincée de sel et bien mélanger. Puis, incorporer la levure ainsi que la farine petit à petit jusqu'à former une pâte malléable et laisser au repos pendant environ 1/2 heure. Préchauffer le four th 6. Puis étaler la pâte au rouleau à pâtisserie et découper des ronds, des carrés, des cœurs ou ce que vous avez comme emporte-pièce ou même avec un simple verre. Badigeonner de jaune d'œuf mélangé à un peu de vanille (on met un peu de vanille pour enlever le goût d'œuf) et décorer par exemple comme ici avec des vermicelles en couleur ou des confettis en sucre, ou vous pouvez laisser tel quel, ou même appliquer un glaçage après cuisson. Cuire durant 15 à 20 minutes (ou moins, tout dépend de la cuisson de votre four) jusqu'à ce que ces tornos soient de couleur dorée. Momo [email protected] LECTURE LE GÂTEAU AU CHOCOLAT D'UNE VRAIE CUISINE D'UNE VRAIE MAISON La porte d'entrée était entrouverte. Charles toqua, puis posa sa main bien à plat sur le pan de bois tiède. Pas de réponse. Lucas s'était faufilé à l'intérieur. La poignée était plus chaude encore, la retint un moment avant d'oser le suivre. Le temps que ses pupilles s'habituent au changement de luminosité, ses pailles étaient déjà éblouies. Combray, le retour. Cette odeur... Qu'il avait oubliée. Qu'il croyait avoir perdue. Dont il se contrefichait. Qu'il aurait méprisée et qui le faisait fondre de nouveau. Celle du gâteau au chocolat en train de cuire dans la vraie cuisine d'une vraie maison... N'eut pas l'occasion de saliver très longtemps car déjà, et comme sur le seuil quelques instants plus tôt, ne savait plus où donner de l'étonnement. [...] Charles était fasciné. Qui a fait ça ? demanda-t-il dans le vide. Une cuisinière, plus imposante encore, en émail bleu ciel, avec deux gros couvercles bombés sur le dessus et cinq portes en façade. Ronde, douce, tiède, appelant la caresse... Un chien devant, sur une couverture, sorte de vieux loup qui se mit à gémir en les apercevant, tenta de se redresser pour les accueillir, ou les impressionner, mais qui renonça, et s'affaissa en couinant de nouveau. Une table de ferme (de réfectoire ?), immense, bordée de chaises dépareillées, sur laquelle on venait de dîner et qui n'avait pas été débarrassée. Des couverts en argent, des assiettes bien saucées, des verres à moutarde copyrightés Walt Disney et des ronds de serviette en ivoire. Un vaisselier ravissant, stylé, fin, chargé jusqu'à la gueule de terrines de faïence, de bols, d'assiettes et de tasses ébréchées. Dans le creux d'une souillarde, un évier en pierre, sûrement très malcommode, où s'empilaient des tas de casseroles dans une bassine jaunie. Au plafond, des paniers, un garde-manger au tamis troué, une suspension en porcelaine, une espèce de boîtier presque aussi long que la table, creux, ponctué d'ouvertures et d'encoches où se balançait l'histoire de la cuillère à travers les âges, un rouleau à mouches d'un autre siècle, des mouches de celui-ci, ignorant le sacrifice de leurs aïeules et se frottant déjà les pattes à la perspective de toutes ces bonnes miettes de gâteau... Anna GAVALDA, La Consolante, 2008