résumé : Une semaine passe. Le jeune interne apprend à Hakima que le petit garçon était sorti de son coma. Elle en fut heureuse pour lui, mais désolée qu'il ne puisse plus retrouver ses parents. Elle repense à sa “maman” qu'elle ne reverra plus, et dont le corps venait d'être retiré de la morgue. Elle se sentait coupable de ce qui lui était arrivé. 18eme partie Le jeune interne sentit sa gorge se nouer : - Je n'aimerais pas te bercer d'illusions Hakima, mais il y a des choses dans la vie qui interviennent au moment où on s'y attend le moins. Sait-on ce que te réserve l'avenir ? Allez, n'y pense plus. Le présent n'est pas gai certes, mais dans quelques jours, nous allons t'enlever les plâtres et tu pourras quitter cet hôpital, réjouis-toi donc. Hakima tente de sourire à travers ses larmes : - Il n'y a vraiment pas de quoi se réjouir Athmane. Je pourrais même dire que je me suis sentie moins seule ces derniers temps grâce à ta présence à mes côtés. Je ne saurais assez t'en remercier. Le jeune homme baisse les yeux : - Tu vas me trouver un peu fou Hakima, mais tu vas me manquer à coup sûr. Ce n'est pas avec tous mes malades que je discute ainsi tous les soirs de garde. - Ce n'est pas non plus avec tous les médecins que je discute moi aussi. - Je sais. Il sourit : - Nous sommes quittes alors. Elle sourit : - Nous sommes quittes. Mais il y aura toujours cette différence entre nous. Je ne suis qu'une malade parmi tant d'autres, et tu n'es qu'un médecin parmi tant d'autres, qui m'oubliera vite pour replonger dans ses études et ses recherches. Athmane lui jette un regard désapprobateur : - Nous pourrions rester amis tu sais. Elle hoche la tête : - Oui pourquoi pas ? Mais je ne ferais que te gêner. Avoir une amie comme moi…. Il lui met un doigt sur la bouche : - Non, ne continue pas. Pourquoi te sous estimes-tu autant Hakima ? Pourquoi ne tentes-tu pas de vivre comme tout le monde ? - Je ne suis pas comme tout le monde, tu le sais bien. Et même si je veux l'être, l'amère réalité me rappellera toujours qui je suis. Je vais retourner à l'orphelinat. Tu ne peux pas t'imaginer la froideur de ces lieux, ni le regard glacial des gens, qui sous prétexte de faire un geste humanitaire, viennent de temps à autre assouvir leur curiosité. La plupart nous regardent comme des animaux dans un zoo. Rares sont les personnes qui, comme ma défunte “maman” veulent faire un geste sincère envers nous. Athmane lui serre la main : - Je te comprends fort bien Hakima. Un jour tu n'auras plus à subir cette humiliation. Tu peux compter sur moi pour t'apporter aide et soutien. N'hésite surtout pas à faire appel à moi en cas de besoin. Elle sourit tristement, et relève les yeux, pour croiser ceux de Athmane dans lesquels brillaient des larmes. Elle passe alors une main caressante sur sa joue, et murmure : - Tu fais partie de ces gens bénis des dieux Athmane. Tu possèdes un grand cœur, et beaucoup de générosité. Tu es si humble, si sympa, et si aimant. Tu feras une longue et belle carrière. Tu as bien choisi ton métier. Il lui embrasse la main : - Dans quelques années, tu deviendras une belle femme Hakima. Des jeunes gens te courtiseront, et heureux sera l'élu de ton cœur. Elle écarquille les yeux : - Mais que racontes –tu là Athmane ? Tu sais bien que je n'ai ni le droit d'aimer, ni celui d'avoir des prétendant. D'aucuns fuiront rien qu'a l'idée de me savoir élevée dans une institution publique. - Ne raconte donc pas de bêtises. Les temps ont changé. - C'est toi qui raconte des bêtises Athmane. Le jeune médecin se lève et se passe une main sur le visage : - Je sais que cela va te paraître insensé, mais si dans quelques années je te demandais en mariage, m'accepteras-tu ? Hakima fronce les sourcils. Avait-elle bien entendu ? Athmane se payait sa tête à coup sûr. Pourtant, il n'en avait pas du tout l'air. - Tu ne réponds pas ? Ma proposition t'a choquée ? Hakima rougit, et baisse les yeux : - Non, Athmane, mais … - Oui, quoi ? - Je préfère te dire tout de suite que je vais opter pour le célibat. - Tu es folle ma petite… Tu…. - Dis plutôt que je suis sage, le coupe-t-elle. Athmane tu es un homme bien comme il faut en tous points. Bientôt, une belle et jeune femme te mettra le grappin dessus. Tu ne vas tout de même pas attendre une fille comme moi, qui ne connaît même pas ses origines, et qui n'a connu de foyer que l'intérieur d'un orphelinat. (À suivre) Y. H.