RESUME :Le jour de sa sortie arriva enfin. Hakima tint à remercier tous ceux qui avaient veillé à son confort et à son rétablissement. Athmane prend son sac et la précède vers la sortie. Il insiste pour la raccompagner, et tous les arguments qu'elle brandira pour l'en dissuader ne serviront à rien. Hakima découvre qu'elle était amoureuse de lui. 20eme partie La jeune fille se retrouve assise à l'avant d'un véhicule et auprès d'un homme dont pourrait rêver plus d'une femme. Mais pas elle. Cela lui était interdit. Comme s'il lisait dans ses pensées, Athmane s'empresse de mettre un CD de musique classique avant de lancer : - Ne sois pas si crispée… Tu vas bientôt reprendre tes études, et tu seras occupée pour un bon bout de temps… Mais de temps en temps, tu n'oublieras pas de venir à l'hôpital pour un petit bonjour… Elle se détendit et sourit : - Oui. Oui, bien sûr que je viendrais. Vous avez tous été formidables avec moi. - Moi, particulièrement, lance-t-il en prenant un air supérieur, qui la fera éclater franchement de rire. - Pour rendre à César ce qui lui appartient, je te dirais que tu y es pour beaucoup dans mon rétablissement. Tu m'as apporté un grand réconfort moral et tu as su me redonner l'envie et le courage de reprendre mes études. - Surtout ça Hakima… Seules les études te permettront de reprendre pied. - Je tenterais de me rappeler tous tes conseils. - Si tu les oublies je te les rappellerai. Ne t'inquiète donc pas. Elle sourit heureuse, mais s'interdit de rêver. Non, elle n'en avait pas le droit. Cette phrase, elle ne cessera jamais de se la répéter. C'était le serment qu'elle s'était fait, et le prix à payer pour une faute qu'elle n'avait pas commise, mais dont elle en était la victime. Ils arrivèrent à l'orphelinat. On était au crépuscule, et quelques filles revenaient de l'école. Elles jetèrent un regard curieux à Athmane, qui venait de descendre de son véhicule, pour ouvrir la porte à Hakima : - Mademoiselle est arrivée. Il l'aide à mettre pied à terre. Elle boitait encore un peu, mais ses fractures s'étaient soudées, et dans quelques jours, elle ne ressentira plus ces douleurs musculaires qui la gênaient dans ses mouvements. - Fais attention à toi Hakima, poursuit Athmane en lui tendant son sac et un petit paquet. Elle regarde le paquet avant de demander : - Qu'es ce que c'est.. ? - Quelques ouvrages que tu voulais lire, mais que tu n'avais pas pu te procurer. - Oh ! Athmane. Si je m'y attendais… Elle ouvrit le paquet d'une main tremblante et découvre les deux tomes de David Cooperfield le récit de Charles Dikens, ainsi que Sans famille, d'Hector Malot… Deux vies, deux destins, qui ressemblaient un peu au sien. Elle relève les yeux et fixe Athmane : - Comment savais-tu que je voulais ces ouvrages ? Il hausse les épaules : - Je t'ai déjà ramené quelques ouvrages classiques à l'hôpital. Tu les avais dévorés d'une seule traite, et si tu te rappelles bien, un soir, tu m'avais demandé si je ne pouvais pas te procurer ces deux titres... Hakima était émue. En dehors de sa “maman” qui n'était plus de ce monde, Athmane redoublait d'attention avec elle. Mais jusqu'à quand ? Elle déglutit et lance : - Tu es trop bon avec une pauvre orpheline Athmane…Je ne sais plus quoi dire… - Ne dis rien. Fais-moi un sourire, cela vaudra pour moi tout l'or du monde. Hakima sourit. Mais son sourire était glacial et n'arrivait pas à atteindre un regard triste où se lisaient toutes les appréhensions. - Merci… Merci pour tout Athmane. Athmane l'embrasse sur les deux joues, avant de répondre : - Sois heureuse Hakima. Ils se quittèrent. Hakima le regarde s'éloigner en agitant son bras. Elle allait rentrer lorsqu'elle se heurte à Houria : Cette dernière venait visiblement de rentrer de l'atelier d'apprentissage où elle apprenait la couture et la broderie, et était en train d'enlever à grands coups de mouchoir un maquillage trop voyant pour son jeune âge : - Tiens. Une revenante… Mais pardi, d'où as-tu donc pêché ce beau gosse ? Hakima s'écarte d'elle : - Tu pourrais au moins a priori demander de mes nouvelles. - Mais je vois qu'elles sont des meilleures. Tu passes un moment hors de l'orphelinat et tu reviens accompagnée d'un bel homme, dans une belle bagnole. Que peut demander de plus une fille comme toi ? - Détrompe-toi Houria. Je viens de revenir de très loin. J'ai eu un accident qui aurait pu me coûter la vie. - Il a coûté la vie à ta maman…, lance d'un air méchant Houria. (À suivre) Y. H.