Ce qui était prévisible depuis que les Palestiniens ont émis l'idée de demander la reconnaissance de leur Etat et son adhésion à l'ONU s'est confirmée, sans surprise : les Etats-Unis opposeront leur veto à la demande palestinienne au sein du Conseil de sécurité. La porte-parole du département d'Etat, Victoria Nuland, l'a formellement et explicitement annoncé ce jeudi. “Si quelque chose vient à être voté au Conseil de sécurité, les Etats-Unis opposeront leur veto”, a-t-elle déclaré, estimant qu'un Etat palestinien “ne peut être obtenu que par la négociation”. Le président de l'Autorité palestinienne a eu tout le loisir de se rendre compte de l'ampleur des divergences entre les deux parties sur la question, à l'issue de discussions, mardi, avec deux diplomates américains. Peu auparavant, la secrétaire d'Etat américaine, Hillary Clinton, l'a joint par téléphone et l'a exhorté d'écouter ses interlocuteurs américains et de “continuer à travailler” avec eux “pour éviter un scénario négatif à New York”. Bien que les Etats-Unis s'y opposent et que ses dirigeants espèrent voir Mahmoud Abbas faire marche arrière, la direction palestinienne a confirmé son intention de présenter sa demande à l'ONU, au cours de la session prochaine, qui s'ouvrira le 19 septembre, “pour obtenir la reconnaissance de l'adhésion d'un Etat de Palestine sur les frontières du 4 juin 1967 avec Jérusalem-Est pour capitale”. Le porte-parole du président Abbas, Nabil Abou Roudeina, a expliqué la décision palestinienne. “Nous allons au Conseil de sécurité pour protéger les droits du peuple palestinien et l'idée d'une solution à deux Etats. Nous ne voulons pas de problème avec l'administration américaine, mais nous sommes engagés dans des négociations fondées sur les lignes de 1967 et le gel de la colonisation”, a-t-il dit, reprenant les termes mêmes utilisés par le président américain dans un passé récent, comme pour lui signifier qu'il a renié ses propres propositions, parce que les dirigeants de l'Etat hébreu l'ont voulu. Maintenant que Washington a décidé d'exercer son droit de veto, il est évident que la reconnaissance de la Palestine comme Etat membre des Nations unies est compromise. Le soutien réaffirmé du secrétaire général de l'organisation, Ban Ki Moon, à la demande palestinienne, n'est alors de nul effet même si, d'un point de vue politique, il n'est pas à dédaigner. L'attitude de l'Europe est aussi attendue avec intérêt et curiosité. Le président français Nicolas Sarkozy a souhaité que les Palestiniens ne déposent pas une demande d'Etat membre à part entière de l'ONU, mais celle d'Etat observateur permanent, qui peut être entérinée par le vote de seulement neuf membres du Conseil de sécurité. Il a souhaité aussi que l'Europe parle d'une seule voix à New York, mais cela est loin d'être acquis, tant que des pays comme l'Allemagne et l'Italie restent résolument opposés à l'initiative palestinienne. Les Palestiniens ne réussiront certes pas à faire reconnaître leur Etat comme ils le souhaitent, mais ils peuvent espérer une évolution de leur statut au sein de l'institution internationale. A défaut d'un succès réel de leur initiative, un succès d'estime est à leur portée. Ils pourront en effet bénéficier du soutien de 150 pays sur les 193 membres de l'ONU, ce qui indisposerait, au minimum, Tel-Aviv et Washington.