Depuis la chute de Hosni Moubarak, les Egyptiens ne contiennent plus leur sentiment anti-israélien en l'affichant publiquement à travers les attaques contre la représentation diplomatique de l'Etat hébreu, d'où la gêne des nouvelles autorités cairotes, pressées par Obama d'en assurer la protection. Brimés pendant trente années par l'ancien régime, des Egyptiens, n'ayant pas accepté les accords de paix de Camp David, signés en 1979 par Anouar Es-Sadate et Menahem Begin, s'en prennent maintenant à l'ambassade d'Israël au Caire pour rejeter la présence de ce pays en Egypte. Vendredi, les choses ont pris une proportion inquiétante, pour les autorités locales et les Etats-Unis, qui ont clairement affiché leur crainte de voir la situation empirer pour leur allié inconditionnel dans la région. Il faut croire que le gouvernement égyptien ne veut prendre aucun risque, comme l'indique sa décision de placer en état d'alerte les forces de l'armée et de la police, déployées en masse hier devant l'ambassade d'Israël au Caire. Plusieurs centaines de militaires et des dizaines de blindés étaient massés samedi près de l'ambassade, dans le quartier de Giza, sur la rive ouest du Nil, et l'éclairage urbain a été éteint. En effet, la représentation diplomatique israélienne au Caire, lieu à la fois sensible et symbolique de la paix entre les deux pays conclue en 1979, a été envahie vendredi soir par des manifestants, lors d'une violente manifestation qui a fait des centaines de blessés devant ses locaux. Selon l'agence officielle égyptienne Mena, les manifestants qui ont “envahi” la mission diplomatique ont jeté des documents “confidentiels” depuis un des bureaux de l'ambassade, située en haut d'un immeuble d'une vingtaine d'étages. Armés de marteaux, de barres de fer et de cordes, les manifestants avaient au préalable fait tomber un mur de protection érigé ces derniers jours par les autorités devant la mission. Ils se sont ensuite battus toute la nuit avec les policiers appelés en renfort pour les disperser. Un manifestant égyptien a réussi ensuite à retirer le drapeau israélien flottant sur l'ambassade, pour la deuxième fois en moins d'un mois. Trois personnes ont été tuées et plus de 1.000 blessées, parmi lesquelles 300 policiers, selon des sources hospitalières et de sécurité. L'un des blessés a succombé à une crise cardiaque. Des tirs nourris ont été entendus dans le quartier et plusieurs véhicules de police ont brûlé ou ont été endommagés. L'ambassadeur israélien en Egypte, Yitzhak Levanon, a quitté tôt hier Le Caire par avion avec son escorte, ont indiqué des sources aéroportuaires égyptiennes. Devant ce développement inquiétant, la Maison-Blanche a indiqué que le président américain Barack Obama a exprimé sa “grande inquiétude” au Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu et a sommé les autorités égyptiennes de protéger la représentation. “Le président a exprimé sa grande inquiétude au sujet de la situation à l'ambassade, et de la sécurité des Israéliens qui y travaillent”, a déclaré la présidence américaine. Barack Obama a notamment “passé en revue les mesures que les Etats-Unis prennent à tous les niveaux pour aider à trouver une solution à cette situation sans violences supplémentaires, et pour appeler le gouvernement égyptien à honorer ses obligations internationales de protéger la sécurité de l'ambassade israélienne”, a souligné la même source. Le ministre israélien de la Défense, Ehud Barak, a téléphoné dans la nuit au secrétaire américain à la Défense, Leon Penetta, pour lui demander une aide pour protéger l'ambassade israélienne, selon un communiqué de son bureau. Il y a lieu de rappeler que les relations entre l'Egypte et Israël traversent une phase délicate, après la mort de cinq policiers égyptiens tués alors que les forces israéliennes poursuivaient des auteurs présumés d'attaques dans le secteur d'Eilat, dans le sud d'Israël, près de la frontière avec l'Egypte, le 18 août.