L'avocat français d'origine libanaise Robert Bourgi décrit avec force détails des remises de fonds d'Afrique, d'un montant “incalculable”, à des hommes forts de la droite française, notamment Chirac et De Villepin, mais épargnant Sarkozy, lequel est accusé par un ancien conseiller Afrique de Jacques Chirac d'en avoir lui aussi largement bénéficié. Au fur et à mesure que l'élection présidentielle française, prévue en mai 2012, approche, des scandales secouent la classe politique de l'Hexagone. Après la gauche, qui a été ébranlée par l'affaire Dominique Strauss-Kahn, c'est au tour de la droite d'être ciblée avec les révélations de l'avocat d'origine libanaise Robert Bourgi, 66 ans, et celles de l'ancien conseiller Afrique de Jacques Chirac, Michel de Bonnecorse. Dans ses déclarations parues dans l'édition d'hier, du “Journal du Dimanche”, il décrit avec un grand luxe de détails des remises de fonds d'Afrique, s'élevant à un montant “incalculable”, qu'il aurait opérées personnellement auprès de l'ex-président et l'ex-Premier ministre français entre 1997 et 2005. S'il a pris le soin d'exonérer l'actuel chef de l'Etat français, Nicolas Sarkozy, ce dernier est impliqué dans l'affaire par un ancien conseiller Afrique de Jacques Chirac, Michel de Bonnecorse. Celui-ci accuse Robert Bourgi d'en avoir également apporté à Nicolas Sarkozy, dans un livre de Pierre Péan à paraître cette semaine. En effet, alors que Robert Bourgi, qui est devenu un conseiller influent de Nicolas Sarkozy sur l'Afrique après avoir œuvré dans l'entourage de Jacques Chirac et Dominique de Villepin, affirme que “ni Omar Bongo ni aucun autre chef d'Etat africain, par mon intermédiaire, n'a remis d'argent ni à Nicolas Sarkozy ni à Claude Guéant”, son plus proche collaborateur, l'ex-Monsieur Afrique de Jacques Chirac, Michel de Bonnecorse, affirme dans un entretien accordé en février 2011 à Pierre Péan et reproduit dans son livre “La République des mallettes” que quand “il semblait évident qu'il y aurait deux candidats à droite (ndlr: pour la présidentielle de 2007 lorsque Dominique de Villepin, alors Premier ministre, et Nicolas Sarkozy étaient en concurrence), Robert Bourgi estima qu'il était temps de tendre la sébile pour les deux”. Il précise que Robert Bourgi “obtient de Denis Sassou Nguesso et d'Omar Bongo (ndlr: les présidents congolais et gabonais) des sommes conséquentes”, sans donner de détail sur les montants des fonds allégués ni sur leur utilisation. Poursuivant, il ajoutera que quand il rentre à Paris, “Dominique de Villepin est à terre, après l'échec retentissant du CPE en avril 2006”, et “tout logiquement, Bourgi estime que désormais la route est dégagée pour Sarkozy. Villepin est cuit... Et au lieu de distribuer une mallette à chacun, il n'en fait qu'une, plus grosse, et la dépose aux pieds du ministre de l'Intérieur” de l'époque, Nicolas Sarkozy, affirme Michel de Bonnecorse. Il argumentera son accusation en soulignant que “le retour sur investissement a été immédiat après l'élection de Nicolas Sarkozy : Bongo a été un des tout premiers, sinon le premier chef d'Etat appelé par le nouveau président” après son élection, poursuit le diplomate. Par ailleurs, le président gabonais “Bongo obtint alors un prêt pour l'Etat gabonais de 40 millions que Jacques Chirac lui refusait”. Ceci étant, Dominique de Villepin a qualifié hier d'“indignes” et “mensongères” les accusations de financement occulte des campagnes de Jacques Chirac, assurant que “tout cela n'est pas un hasard”. “Ces allégations sont mensongères et indignes”, a déclaré sur la télévision publique France 3 l'ancien Premier ministre. “On voit l'acharnement, la volonté de salir la présidence de Jacques Chirac”, déclare celui qui fut son secrétaire général à l'Elysée, son ministre et son Premier ministre. Saisissant au vol l'opportunité, François Hollande, candidat à la primaire socialiste en vue de la présidentielle de 2012, a demandé hier l'ouverture “d'une procédure judiciaire”. “Je demande que le garde des Sceaux puisse demander au parquet d'ouvrir immédiatement une procédure judiciaire, parce qu'on doit savoir ce qui s'est passé pendant toutes ces années, parce que ce sont de graves infractions à la législation sur le financement des campagnes électorales et peut-être même davantage”, a déclaré l'ancien patron du parti socialiste sur la chaîne privée Canal +.