Polytechnicien de formation, il réside actuellement à Paris où il prépare un doctorat en robotique. Mais ce n'est pas ce qui nous intéresse ici, c'est son côté “arpenteur” des sentiers de la musique qui retient notre attention, avec son violon et sa voix qui instille nostalgie et joie de vivre. Il revient dans cet entretien sur son parcours éclectique, sa passion pour le malûf et l'élaboration de “Leghrib”. Liberté : Même si votre premier album ne sort que dans quelques semaines, votre parcours dans le monde de la musique est riche. Pourriez-vous y revenir ? Amine Khettat : Je suis un jeune artiste natif de la ville de Constantine (Algérie) où j'ai fait mes premiers pas dans la musique en commençant par la couleur locale qu'est la musique constantinoise (malûf). Durant mon passage à l'ensemble national de musique andalouse, j'ai enrichi mon répertoire en parcourant les trois écoles de la musique savante maghrébine existante en Algérie (malûf, çanâa et gharnati). J'ai encore élargi son répertoire en touchant à la variété maghrébine, et cela en accompagnant les plus grands artistes algériens. Aussi, pour m'épanouir plus dans la musique, je pratique la musique instrumentale libre qui me permet d'avoir un répertoire culturel très vaste. Votre premier album solo, “Leghrib”, sortira en Algérie avant la fin de l'année. Dans cet opus plutôt moderne, on retrouvera des pièces andalouses, des rythmes éclectiques et beaucoup de mélancolie… J'ai voulu que ce projet reflète un peu le parcours que j'ai eu après avoir quitté Constantine, et pour cela j'ai choisi de revisiter une pièce du répertoire malhoun marocain qu'on joue aussi dans le chaâbi algérois, et qui s'intitule “El Kaoui” pour laquelle j'ai composé un air en mode “sika”. J'y ai aussi mis mes ornementations bien constantinoises. La suite du CD est une chansonnette que j'ai appelé “Leghrib”, que je chante sur un boléro très mélancolique. Elle m'a été écrite par mon ami, le poète Abdelwahab Chahba. J'avais aussi à mes côtés mon père à la flûte et ma sœur qui a assuré les chœurs. Vous êtes directeur artistique de l'ensemble Sabâ, que vous avez créé en décembre 2010 dans le but de promouvoir le malûf constantinois. Fin septembre sortira un album plutôt classique… L'ensemble Sabâ est avant tout un ensemble d'amis qui ont pour point commun l'amour du malûf constantinois et qui veulent lui donner sa place largement méritée dans la cour des musiques maghrébines en France. C'est aussi l'occasion pour moi de renouer avec mes origines. Notre premier disque sortira fin septembre et présentera la nûba du mode “Hsine Sabâ” que nous avons revisité, en y apportant notre contribution. D'après vous, pourquoi n'y a-t-il que peu d'artistes qui s'illustrent dans le malûf, notamment en France ? Les rares personnes qui ont essayé de faire cette musique en France n'ont pas réussi, je pense que c'est parce qu'elles n'ont pas su faire parvenir le malûf à d'autres oreilles que celles de la petite communauté de Constantinois. Le malûf est un style qui repose sur la puissance vocale de l'interprète, mais vous y mêlez de la mélancolie, ce qui vous rapproche de la çanâa. Y a-t-il en cela un rapport avec votre travail en tant que formateur au sein de l'association El-Mawsili ? C'est plutôt dû aux quelques années que j'ai passées à pratiquer le répertoire algérois. J'aurais pu me contrôler en ne faisant que des ornementations constantinoises, mais je voulais que mon album reflète mon parcours. J'ai donc fait un mix, en laissant parler mon feeling. S. K. Liens utiles : - Pour plus de détails biographiques concernant l'artiste : www.aminekhettat.com - Pour plus de détails sur l'ensemble Sabâ : www.sabamusic.fr