Les députés de Nahda justifient leur rejet de cette loi en expliquant que le taux de 30% est “excessif”, alors que ceux du MSP approuvent. Deux formations politiques islamistes siégeant à l'Assemblée nationale (le Mouvement de la société pour la paix et le mouvement Ennahda) ont une attitude ambivalente à propos du projet de loi organique sur l'élargissement de la représentativité des femmes aux assemblées élues. Cette ambivalence s'est, en effet, exprimée à l'occasion de l'examen de cet avant-projet de loi en commission des affaires juridiques de l'Assemblée nationale. En ce sens que les députés de ces deux formations politiques n'ont pas vraiment apprécié la teneur du projet de loi organique sur l'élargissement de la représentativité des femmes aux assemblées élues. Ils ont exigé des explications sur les fondements d'un quota de 30% pour les femmes dans les assemblées élues. “Pourquoi a-t-on décidé de but en blanc de donner aux femmes 30% des sièges élus et sur quelles bases a-t-on fixé cette proportion ?” se sont-ils interrogés. Selon eux, ce pourcentage est excessif. Ils en veulent pour preuve que des pays développés qui nous ont devancés sur bien des aspects n'ont pas institué un tel taux pour la représentation des femmes dans les instances élues. Ils ont, à cet égard, pris l'exemple de la France qui a crédité les femmes d'un quota de 17% dans les assemblées élues. Aussi, les députés islamistes se sont demandés pourquoi a-t-on exigé une présence excessive des femmes dans les assemblées élues au lieu de les nommer en nombre dans l'administration. “Pourquoi n'a-t-on pas nommé plus de femmes walis, plus de femmes ministres et plus de femmes dans des postes administratifs ?” Dans tous les cas de figure, les formations islamistes estiment que “c'est excessif un taux de 30% d'entrée pour les femmes”. “Il faut aller graduellement et non pas exiger leur présence à 30% d'emblée”, disent-ils, estimant que cela va favoriser “la quantité” au détriment de “la qualité” des femmes qui seront représentées dans les assemblées élues. Il faut dire que si les députés du mouvement Ennahda se sont montrés en accord avec la vision de leur direction politique, il demeure que les parlementaires du MSP l'ont contrarié. En ce sens que dès l'annonce du projet sur le quota de 30%, le chargé de la communication du MSP, M. Djemaâ, n'a pas tergiversé pour dire le soutien de sa formation politique à ce texte de loi. Peut-être que les parlementaires du MSP n'avaient pas encore reçu des instructions de la direction du parti sur l'attitude à adopter face au projet de loi. Ce qui n'a pas été le cas pour les députés du Rassemblement national démocratique (RND) et du Front de libération nationale (FLN) qui ont reçu des directives de leurs directions politiques respectives pour approuver le projet de loi en question. Ce qu'ils ont, d'ailleurs, fait en commission. Pour rappel, le projet de loi organique relatif à l'élargissement de la représentativité des femmes aux assemblées élues dispose que chaque liste de candidats doit comprendre une proportion de femmes qui ne peut être inférieure au tiers du nombre total des candidats de la liste, qu'elle soit indépendante ou présentée par un parti politique. Cette disposition (art. 2) s'applique aux élections de l'Assemblée populaire nationale, des Assemblées populaires de wilaya et des Assemblée populaires communales des communes chefs-lieux de daïra, ainsi que des communes dont la population est supérieure à 20 000 habitants.