Résumé : Hakima pourra enfin quitter définitivement l'orphelinat. Elle prépare les affaires qu'elle devrait emporte et s'allonge sur son lit, pour une dernière nuit dans cette institution. Elle est réveillée en pleine nuit par le bruit de la porte qu'on ouvrait et une forte odeur. Elle reconnut la silhouette de Houria…Cette dernière ne semblait pas être dans un état normal. 30eme partie Hakima met une main sur son nez afin de ne pas sentir davantage les odeurs mêlées qui écorchaient son odorat. - Ah ! tu te rends donc compte qu'il était tard Houria ! Et toi que faisais-tu dehors jusqu'à cette heure-ci ? - Ah ! ah ! Tu sais bien que je travaille. J'étais avec mon fiancé ? - Lequel ? Celui du mois dernier ou celui de la semaine dernière ? Ou c'est un tout nouveau-né ? - Tu exagères ma chère ! (Elle hoquette). J'ai qu'un seul… Un seul fiancé. C'est le patron du bar. Il m'a présenté ce soir à des gens bien comme il faut. Ils étaient tous très sympas. Hakima ne savait plus si elle devait rire ou pleurer. Houria était déjà engloutie par une spirale sans fond dont elle ne pourra plus jamais remonter. Ses mauvaises fréquentations faisaient d'elle le bouc émissaire de toute l'institution. Elle avait déjà eu des différends avec les responsables et ces derniers parlent de l'envoyer dans une maison de rééducation pour jeunes filles. Pauvre Houria !... Pourra-t-elle se trouver un jour un homme bon et généreux qui pourra l'aider à changer de comportement et à redevenir une femme convenable ? Pour le moment la chose paraissait inimaginable. - Pourquoi fais-tu cela Houria ? Pourquoi ? Pourquoi ne te contentes-tu pas de travailler dans cet atelier de couture où tu as tant appris ? - Hum… Merci pour tes conseils maman. Elle se jette sur son lit toute habillée et poursuit : - Tu sais bien que je n'aime pas la couture. - Qu'aimes-tu alors ? Les bars, et ces vautours qui te tournent autour ? Houria fait un geste impatient de sa main, avant d'allumer une cigarette : - J'aime danser, m'amuser et ces gens avec qui je travaille, me payent bien. Regarde donc. Elle tendit sa main et Hakima constate qu'elle portait une jolie bague en or : - Qui t'a donné ça ? Et pourquoi l'as-tu acceptée ? - Cccchut !… Ne crie pas tu vas réveiller les autres. Je vais te le dire à toi car tu es une bonne fille. Elle se met à rire avant de poursuivre : - C'est ma bague de fiançailles. Redouane veut m'épouser. Que vais-je demander de plus ? Hakima pousse un long soupir : - Il ne t'épousera pas Houria. Il se moque de toi… - Non ! non ! Ne dis-pas ça. Tu es jalouse. Ce n'est pas gentil Hakima. Ce n'est pas gentil de me dire ça… Redouane m'aime et il va m'épouser. - On n'épouse pas une fille qu'on fait travailler tous les soirs dans des endroits mal fréquentés. Je t'en supplie Houria, sors de là, avant qu'il ne t'arrive malheur. - Cccchut ! Oiseau de mauvais augure. Il ne m'arrivera rien. Je serais la plus belle mariée de la saison… Et puis pour ce qu'on est, qu'a-t-on donc à perdre ? - Beaucoup… Ce n'est pas parce que nous sommes des orphelines que nous devrions badiner avec notre honneur. - Des orphelines… Ah ! ah ! ah… Des bâtardes oui… Nous sommes le fruit de liaisons illégales. C'est drôle, hein ! C'est drôle de parler d'honneur dans des cas comme le nôtre… Maintenant, si tu veux briser les tabous ma chère, commence par admettre déjà que si je me marie avec Redouane, je suis déjà sauvée. - Il ne t'épousera jamais, te dis-je ! Et même s'il le fait, ce serait plutôt dans son propre intérêt et pas dans le tien. Le jour, où ta beauté et ta jeunesse auraient totalement disparues, tu te retrouveras SDF. Où ira-tu alors ? Qui te prendra en charge ? Hakima n'aura pas de réponse, car Houria s'était endormi. La jeune fille se lève pour la couvrir et lui enlever le mégot de cigarette qui brûlait encore entre ses doigts. Elle la regarde un moment et eut pitié d'elle. Houria était en train de consumer sa vie, comme elle consumait sa cigarette. Bientôt elle ne sera plus qu'une loque. Ah ! les mirages de la vie… Et les promesses ! (À suivre) Y. H.