La fraude électorale, avec ce qu'elle charrie comme dérives politiques, abus économiques et blessures symboliques, a piégé le destin algérien depuis 1962. Le RCD a fait de la surveillance internationale massive et qualifiée un des préalables à sa participation à tout débat en faveur d'une transition démocratique. Le RCD, qui suit avec une attention particulière ce dossier, apprend qu'une demande de surveillance a été formulée dans ce sens au Luxembourg au mois de juin par la délégation algérienne lors de la négociation sur l'accord d'association. Une autre rencontre est prévue sur le même thème début octobre à Alger avec le sous-comité des droits de l'Homme de la Commission européenne. On observe que sur ce sujet aussi, les tireurs de ficelle du système algérien inscrivent toujours leur démarche dans la même optique : séduire l'extérieur et étouffer l'intérieur. Pourquoi avoir imposé le black-out à une telle initiative ? Sur le fond, les décideurs sont dans l'impasse. Ils se disent disponibles pour une surveillance internationale et s'obstinent sur ce dossier, comme sur tant d'autres, à louvoyer tout en préparant la répartition des quotas. En effet, la surveillance internationale a ses standards et ses objectifs. Nettoyage du fichier électoral, contrôle de l'usage des finances et des moyens publics avant et pendant la campagne, surveillance le jour du scrutin, etc., demande au minimum six à dix mois de préparation. Comment afficher une volonté de changement et laisser un fichier électoral où les morts votent et où un même électeur peut disposer de 2, 4, 6, voire 10 cartes électorales à sept mois des législatives ? La Tunisie, moins vaste et disposant d'une administration autrement plus performante que la nôtre, vient de passer plus de quatre mois pour vérifier les listes électorales. Comme pour les associations des fils de chouhada en 1982 , comme pour la ligue des droits de l'Homme en 1985, comme pour les partis politiques en 1988, comme pour les syndicats autonomes depuis, le pouvoir occulte recourt aujourd'hui encore au clonage et/ou à la pollution des actions ou propositions de l'opposition quand il ne peut plus les ignorer ou les réprimer. Sur la surveillance internationale massive et qualifiée, la réponse confirme les légitimes appréhensions des citoyens échaudés par les manipulations : trop peu, trop mal, trop tard.