Résumé : Faouzi est intrigué. Hakima venait de refuser sa proposition de mariage et avait avancé comme argument un tas de raisons qu'il n'arrivait pas encore à assimiler. Elle lui avait avoué en pleurant qu'elle n'avait ni le droit d'aimer ni celui de fonder un foyer. Hamid arrive au moment où Hakima quittait les lieux. Il apprend de Faouzi ce qui s'était passé. 47eme partie Faouzi hoche la tête : - Oui…. C'est vrai que je ne suis pas un poète…. Je ne sais pas choisir mes mots(il ébauche un sourire). C'est le comble pour un rédacteur en chef, n'est-ce pas ? Mais je t'assure, Hamid, que j'ai les plus nobles intentions envers elle. Hamid se racle la gorge : - Et…. et que t'a-t-elle répondu ? - Oh, des banalités du genre “je ne suis pas faite pour aimer ou me marier”. D'autres filles auraient été heureuses de se savoir désirées par quelqu'un comme moi. Puis, tout d'un coup, elle m'a certifié qu'elle était atteinte d'une maladie. Ensuite elle s'est mise à sangloter. Une première depuis son recrutement. Hamid s'assoit et invite Faouzi à se mettre près de lui : - Il y a des choses que tu ignores Faouzi, des choses que Hakima n'a pas pu te révéler. Faouzi le regarde curieusement : - C'est à peu près le même langage qu'elle m'a tenu…. Mais enfin, que devrais-je donc savoir ? Quel secret me cache-t-on ? N'ai-je pas le droit de savoir ? Hamid lui tapote l'épaule : - Je n'ai pas non plus le droit de te révéler certaines choses sur Hakima, mais vu les circonstances, je crois qu'il est grand temps que tu apprennes la vérité. Après, il serait saugrenu de te demander si tu voudrais encore l'épouser. - Mais qu'a-t-elle donc pu faire au point de se sous-estimer de la sorte ? - Elle ? rien, bien sûr. Disons qu'elle est plutôt victime des circonstances du hasard. - Vas-y, je t'écoute…Tu es en train d'attiser ma curiosité. Hamid pousse un long soupir : - J'ai promis à Hakima de garder le secret. Mais je crois qu'elle me pardonnera cette fois-ci d'avoir osé t'en confier un bout. Il prend une cigarette et l'allume avant de poursuivre : - La vie de Hakima n'a pas été de tout repos, tu sais…. C'est une fille exceptionnelle, intelligente, belle et ambitieuse…. Elle aurait pu être plus heureuse si elle n'avait été élevée à l'assistance publique. Faouzi est sidéré : - Quoi ? Tu me fais marcher Hamid, Hakima élevée dans une institution d'Etat ? Tu insinues qu'elle est orpheline ? - Oui…. Cette fille n'a jamais connu ni ses parents ni sa famille, c'est une enfant qu'on a retrouvée au bas des escaliers d'une mosquée un certain jour d'hiver. Faouzi change de place. Son visage avait pris une couleur pourpre et il sentit une désagréable transpiration imbiber son corps. - Je n'arrive pas à te suivre…Le dossier de Hakima ne mentionne pas … - Bien sûr que non. Hakima a quitté cette institution voilà des années. Elle a fait de brillantes études et a su se prendre en charge… Enfin, je veux dire qu'au moins elle a réussi dans sa vie professionnelle…. Mais son cœur saigne…. Elle ne veut être un fardeau pour quiconque. Tôt ou tard on découvrira son secret, et on la montrera du doigt… Elle ne veut pas s'exposer à une telle humiliation ni exposer quiconque avec elle, je veux dire mari ou enfants…. Tu vois à peu près les raisons qui l'ont poussée à refuser si promptement ta demande en mariage ? Faouzi n'en revenait toujours pas. Il se verse un grand verre d'eau et se rassoit : - Je ne sais plus quoi penser, je commence ma journée par de telles révélations… La réaction de Hakima me touche énormément. Il pousse un soupir : - Tant pis pour les convenances, je ne veux pas la perdre… Cette fille me plaît, Hamid. Je ne dors plus, je ne mange plus. Je passe mes nuits, et même mes journées, à penser à elle. Je ne peux ni l'oublier ni la laisser me filer entre les doigts. - Alors assume ! Prend ton courage à deux mains et va la voir. Il faut qu'elle sache que tu connais la vérité sur elle. Toute la vérité. Et à vous deux vous saurez faire face à tous les obstacles. Faouzi le prend par les épaules et le serre dans ses bras : - Merci, mon ami. Je vais donner un peu de temps à Hakima pour se ressaisir. Je ne veux pas la brusquer. Peut-être reviendra-t-elle vers moi…. Hamid l'interrompt : - Cela m'étonnerait…. Mais je vais tenter de faire de mon mieux afin de la rassurer sur ton compte. Hakima mérite de goûter enfin au bonheur comme toutes les filles de son âge. Elle va sûrement m'en vouloir de t'avoir révélé son secret, mais tant pis, je vais considérer ça comme un premier pas vers une meilleure vie pour elle. (À suivre) Y. H.