Avant-hier dimanche, à 18h, la salle El Mougar a abrité la générale du monodrame Akalet louhoum el bachar (Cannibales), produite par la troupe du Théâtre national algérien (TNA) Mahieddine-Bachtarzi, une collaboration artistique algéro-marocaine. Le texte est du grand auteur syrien, d'origine palestinienne, Mamdouh Adwane, la mise en scène est de Hicham Chakib (Maroc). Quant à l'interprétation, elle est assurée par Sofiane Attia. À travers ce monodrame, en arabe classique, le metteur en scène marocain a proposé ou plutôt exposé une vision actuelle, qui n'est pas rose, d'une société. Sans donner d'indication, durant plus d'une heure, à travers le monologue teinté de folie et de schizophrénie, le spectateur arrive à assembler le puzzle : c'est l'histoire de toutes les sociétés qui ont la soif du pouvoir, qui sont cupides et atteintes d'autres maux. Le personnage évolue dans un espace clos. Tel un lion en cage, il raconte ses déboires, sa vie, ce qu'il subit… Un incessant va-et-vient composé d'éclats de voix, de chuchotements, de crises d'angoisse. Les lumières rouges accentuaient cette atmosphère de folie, d'errance, de perturbation… Au-delà de son histoire qu'il débite d'une manière saccadée, entrecoupée de confidences, ce sont les vices de l'humanité qui sont pointés du doigt : mensonges, exclusion, domination, trahison… Une scène épurée, avec un décor pratique. Trois espaces qui permettent l'évolution du comédien tout au long de ce monodrame. Le premier, la chambre, est délimité par quatre piquets lumineux (rouge) ; il est composé d'un fauteuil, d'un tabouret faisant office de table basse, d'une échelle escabeau multifonctions. Le deuxième : le devant de la scène où se trouve tabouret sur lequel est accroché une lampe halogène (utilisée pour le monologue intérieur). Quant au troisième, c'est le côté cour de la scène où se trouve un micro qui permet au personnage d'exploser, de s'exprimer à haute voix. L'évolution du comédien se fait en moderato cantabile. Dans son délire, il arrive à prendre une décision : inverser la situation. Il l'exprime à travers la chanson d'El Hachemi Guerouabi Koulou Yanes. Ce projet artistique qui se veut un pont entre l'Algérie et le Maroc, est également un “clin d'œil” aux bouleversements qui s'opèrent dans le monde arabe. Cependant, malgré la beauté et la fluidité du texte (même si quelques lexies en dialectal étaient introduites), le monodrame souffrait d'une certaine lenteur : des hésitations dans le jeu, de longs moments de silence, les scènes du monologue intérieur étaient également longues. Ce qui a réduit le rythme de la pièce qui aurait pu gagner en légèreté et en puissance scénique. Amine IDJER mouloudji 11-10-2011 21:01