La wilaya trouve des problèmes énormes à convaincre les citoyens qui s'opposent à l'implantation des centres d'enfouissement technique. Si, pour les daïras de Tizi Ghennif et de Draâ El-Mizan, les ordures ménagères sont traitées quotidiennement au niveau du centre d'enfouissement technique de Dra Sachem, il n'en est pas de même pour la région de Boghni, qui est en quête de solution pour mettre un terme à l'une de ses décharges, sise au lieu-dit Ichiouache. Les autres communes de cette daïra, à savoir Mechtras, Assi Youcef et Bounouh, ne sont pas épargnées par ce manque. Il suffit de faire une virée à Boghni de bon matin pour voir ce brouillard de fumée arriver du lieu précité. “Impossible d'ouvrir nos fenêtres”, nous a dit un habitant d'un immeuble situé à quelques encablures d'Ichiouache. Mais le cas de la commune d'Assi Youcef est plus édifiant. Dans cette localité, la décharge publique a fait même “incursion” dans le parc national du Djurdjura, pourtant protégé depuis son classement comme patrimoine mondial de la biosphère. Pis encore, la commune de Mechtras est en conflit avec celle de Souk El-Thenine, car elle décharge ses ordures à Ighil Oumenchar. Si l'on fait encore un petit bout de chemin, vers Tizi n'Tlèta, du côté des Ouadhias, la décharge arrive presque dans la cour du lycée. Des contestations ont été soulevées, mais rien n'a été fait. Même constat à la sortie des Ouadhias en allant vers Tizi Ouzou. Ne serait-il pas temps de programmer, au moins pour une première étape, un CET interdaïras (Boghni et Ouadhias) dont la population dépasse les cent mille habitants ? Il faut peut-être signaler qu'à Boghni un choix de terrain a été fait à Ichiouache pour servir de CET, mais étant un terrain miné, aucune entreprise n'ose s'y aventurer. Par ailleurs, les citoyens du village El-Kelaa, à 7 km au sud de la ville de Tigzirt, ont lancé depuis plusieurs mois un mouvement de protestation pour s'opposer à l'implantation d'un centre d'enfouissement technique au lieu-dit Chréa, situé sur les hauteurs de ce village. “El-Kelaa, un village de 2000 habitants, en marge du développement, mérite mieux que ce projet de décharge qui va détruire notre environnement et mettra en danger la santé des citoyens de notre village et de toute la région”, a déclaré un jeune contestataire. Pour rejeter l'implantation de ce projet, les citoyens de ce village ont organisé plusieurs actions de protestation en procédant, notamment, à la fermeture des sièges de la daïra et de la mairie de Tigzirt, la fermeture, durant toute une journée, de la RN72 reliant Tigzirt à la ville de Tizi Ouzou. “Certains de nos élus font tout pour nous imposer cette décharge, dans le but de tirer des dividendes politiques sur notre dos. Notre village accuse un grand retard de développement. Le terrain où ils veulent implanter cette décharge est très important pour nous. Nous faisons notre culture agricole, il existe des sources d'eau, et de ces terres beaucoup de familles tirent leurs ressources”, dira Mohamed, un citoyen du village El-Kelaa. “C'est un endroit panoramique bien situé. C'est un lieu où l'on peut réaliser un complexe touristique ou sportif. Il est situé dans une zone stratégique, donnant sur plusieurs régions. Il est facile de comprendre que ce territoire ne doit pas être détruit par une décharge publique”, renchérit un autre villageois. A rappeler que pour la réalisation de ce projet, la direction de l'environnement de Tizi Ouzou a débloqué près de 40 milliards de centimes, nous a-t-on informé. Après sa suspension pendant une longue période, ce projet de CET a été remis sur le tapis. Les élus de la région, le directeur de l'environnement de Tizi Ouzou ont, de leur côté, organisé récemment des actions d'information pour tenter d'expliquer la faisabilité de ce projet. O.Ghilès / Mourad HAMMAMI