Lahbib Bourguiba est mort. L'ancien président tunisien a été définitivement enterré ce vendredi avec les manifestations islamistes à Tunis. Son idée d'une république laïque et sa vision moderniste ont eu des funérailles qui en disent long sur la poussée islamiste dans le pays du Jasmin. Il n'y avait que les romantiques pour croire que la révolution tunisienne allait déboucher sur une démocratie ouverte. Après les incidents qui ont visé Nessma TV, qui n'est qu'un épisode de la montée inéluctable de la fièvre salafiste, les islamistes ont pris symboliquement et physiquement la rue tunisienne. Un scénario qui fait dire un peu trop vite aux observateurs politiques que c'est l'histoire algérienne qui bégaie. En fait, en Tunisie, c'est encore plus grave car la laïcité du régime de Bourguiba et la mise en boîte des islamistes par Ben Ali ont duré tellement longtemps que tout le monde avait cru que la Tunisie avait pris le bon traitement. Qu'elle fût immunisée pour un temps et que l'islamisme ne pouvait surgir de cette manière. Aussi brutal. Aussi radical. Mais c'est mal connaître et le mouvement islamiste tunisien et l'impact réel de la laïcisation de la société. Depuis que le verrou Ben ali a sauté, on se rend compte que le discours moderniste et “progressiste” du sage tunisien et de son successeur n'avait d'impact que dans des cercles trop fermés. Les milieux bourgeois, cultivés et élitistes, urbanisés et ouverts à l'Occident. Le reste de la Tunisie, tout le reste, n'était que mine d'or pour le discours salafiste qui a comblé les trous du discours officiel. Mais la pire des nouvelles est que même Ghannouchi et son mouvement, Ennahda, sont débordés par son aile radicale. Ghannouchi, qui devait incarner une sorte d'AKP tunisien, sur le modèle turc, offrant des garanties solvables aux puissances occidentales de ne pas enfoncer la Tunisie dans l'obscurantisme, est également en train de perdre pied. Du chaos politique est en train de naître un hydre incontrôlé, travaillé par les forces les plus rétrogrades de la Tunisie profonde et exploité par la matrice terroriste qui veut une contagion maghrébine. Ghannouchi, même s'il remporte les élections du 23 octobre, devra faire avec, quitte à se “Nahnahiser”. En tout cas, des lendemains nettement moins parfumés pour la “Révolution du Jasmin” qui est en train de traverser une zone de turbulences dont la première victime est déjà connue : la femme tunisienne et le modèle laïc que lui a légué Bourguiba. M. B. kamels 17-10-2011 09:54 ALI 16-10-2011 22:09 Adel B. 16-10-2011 13:05 tunisien 16-10-2011 11:20