Le one man show Djeddi présenté par Slimane Benaïssa, jeudi au Théâtre régional de Batna semble une recette gagnante, où seul le rire peut faire oublier au spectateur son quotidien très lourd à déférer. L'humoriste a raconté tristement les choses graves à la légère et gravement les choses légères. Dans un premier temps, Slimane Benaïssa a repris les principales étapes historiques traversées par l'Algérie et l'héroïsme de son grand-père (symbole de l'autochtone), sa bravoure, son combat contre l'occupant avant de s'attaquer à l'Algérie post indépendance et tous ses aléas sociaux et politiques. En humoriste engagé, il a choisi la voie de l'humour pour dénoncer les préjugés. Tout y passe : l'hypocrisie, les vices de la société et de la politique et même les situations les plus futiles de la vie de tous les jours. L'Algérie est racontée à travers les yeux d'un Algérien qui, avec humour, voire aussi avec ironie, prend revanche sur les officiels. Il les a bien tournés en ridicule et les spectateurs ont bien ri. C'est l'hilarité générale, bien que ce qui est raconté soit parfois trop triste même. Le texte appartient au registre pathétique, son auteur a beaucoup cherché à émouvoir, à attendrir par l'expression exacerbée des satires. Dans une déclaration que l'humoriste nous a accordée, juste après son spectacle, il affirme : “J'ai raconté Algérie, à travers laquelle j'ai invité le spectateur à découvrir toutes les étapes historiques traversées au gré des pérégrinations du témoignage d'un citoyen de 1945 jusqu'à nos jours. Comme notre histoire s'est disloquée et éparpillée, j'ai décidé raconter la période coloniale, en passant par la révolution 54, l'après indépendance, la période de la révolution agraire et en arrivant à celle que nous vivons. J'ai voulu à ma manière construire une vraie mémoire pour le peuple à travers une poésie, une sorte de l'Iliade de l'Algérie ...” Dans ce spectacle, lequel n'a rien de pédagogique comme il nous l'a expliqué, mais beaucoup plus une forme de militantisme, l'humoriste a choisi le rire et l'humour noir pour faire passer son message sous une forme d'ironie acide et de pince-sans-rire en s'appuyant sur les éléments tristes ou désagréables. Il a critiqué, il a blagué, il a caricaturé tous les vices des responsables. B. Boumaïla