Résumé : Ferroudja et lui se voyaient n'importe quand sauf le vendredi. Krimo aimait plaisanter, sans joie, sur si Djemaâ, cet ami qu'elle voyait et dont il était jaloux. Il était curieux de le voir. Un jour où il l'attendait, il put enfin le connaître. Ce dernier Rabah les invite à dîner. Krimo avait envie de refuser mais il n'avait pas le courage de laisser seule, avec lui… Il voulait les observer, se faire une certitude. Sa jalousie ne devait pas l'aveugler. Rabah semblait sympathique et il voulait bien faire plaisir à Ferroudja. Krimo était étonné dans le fond, ne saisissant pas pourquoi Rabah l'avait invité, enfin proposé ce dîner à trois alors qu'il se savait aimé d'elle. Lui ne se serait pas comporté ainsi s'il avait été l'élu de son cœur. Il la garderait uniquement pour lui et ne tolérerait pas la présence d'un autre homme dans son cœur, dans sa vie. Mais comme seule l'amitié lui était destinée, il se garda bien de faire un commentaire. Il craignait que cela mette de l'ombrage sur leur relation. Le dîner fut pénible. Les yeux de Ferroudja brillants un peu plus que d'habitude, se posaient une seconde sur lui puis sur Rabah. Krimo analysait chaque mot, chaque regard échangé. Rabah et Ferroudja évoquaient des amis communs, des souvenirs aussi. Ila parlaient avec abandon. Lui, il n'avait rien à dire. Il n'était pas concerné par le sujet évoqué entre eux. Quand il croisait le regard de Rabah, Ferroudja lui souriait. Elle semblait à l'aise entre eux et se moquait de lui. Il se retira dès la fin du dîner. Il trouva un prétexte et partit d'un pas pressé. Il n'en pouvait plus. C'était trop pour lui, pour sa patience. Il pleurait sa malchance et dans la tête lui passait des idées meurtrières ! Comme il avait envie de se débarrasser de Rabah ! Une fois seule, Ferroudja se tournerait vers lui. C'était aussi simple… Oui, c'était la seule solution. Pour pouvoir posséder Ferroudja, il fallait que Rabah disparaisse de sa vie. Krimo en était convaincu. Seule la mort de Rabah pourrait la ramener à lui. Une fois dans sa chambre, étendu sur le lit, il réfléchissait. S'il devait “éliminer” Rabah, il lui faudrait une arme. Une arme à feu ou une arme blanche ? Pour la première, il savait s'en servir mais il ne connaissait personne à Alger qui puisse lui en débrouiller une. Quant à l'arme blanche, elle le répugnait. Il préférait quelque chose de moins salissant. Avec une arme à feu, il ne pourrait jamais être surpris. Il choisirait un endroit où il pourrait se dissimuler. Il attendrait que Rabah sorte de la cage d'escalier du vieil immeuble où résidait Ferroudja. Peut être même que personne ne pensera à lui une fois sa tâche accomplie ? Quelques gens feraient courir la rumeur que c'était la famille de Ferroudja qui s'était chargée de cette sale besogne pour garder sauf leur honneur bafoué par leur fille. - Ah… Ferroudja, qu'est-ce que je ne ferais pas pour t'avoir ? murmura Krimo en fermant les yeux pour retrouver son image vivante en lui. Elle lui souriait. Des étoiles brillaient dans ses yeux. Elle le regardait avec amour comme autrefois… Mais il savait qu'elle ne l'aimait plus d'amour. Il était un ami. C'était chanceux que sa famille l'avait reniée. Sinon il n'aurait jamais pu la revoir, l'approcher. Il n'aurait pu l'emmener déjeuner et se promener. Il n'aurait pu revoir l'éclat de ses beaux yeux. Il aurait pu espérer qu'avec le temps leur amitié se mue en amour. Même de force. Mais même de force, il doutait qu'elle changea de sentiments. Krimo redevenait lucide et raisonnable. Ferroudja trouverait une raison pour le haïr s'il tuait Rabah ! Elle ne lui pardonnerait pas d'avoir ôté la vie de l'homme qu'elle aimait. C'était sûr ! Elle le haïrait. Elle n'irait jamais lui rendre visite en prison s'il était prouvé qu'il était le meurtrier et qu'il était condamné à la prison à vie. Car il n'aura pas les moyens de s'offrir un avocat pour le défendre, qui démontrait que c'était un crime passionnel, qui ferait de lui une victime et non un meurtrier qui aura tout planifié pour “éliminer” son rival. - Non, ça ne marchera pas, murmura Krimo en se tournant pour la énième fois sur son lit. Oh Ferroudja… Combien de temps vais-je devoir encore attendre pour que tu ouvres les yeux ? Pour que tu comprennes que je suis à bout ? Que je souffre de ne plus avoir de dignité? (À suivre) A. K. manel 22-10-2011 17:15