Les députés ont relevé des insuffisances dans le texte qui leur a été soumis, soulignant notamment l'absence de dispositions pouvant favoriser l'émergence d'une économie alternative aux hydrocarbures. “C'est la même redondance chaque année, on vient nous faire des exposés sur la loi de finances, mais le débat est avant tout politique. On ne peut pas se suffire d'entendre des ministres venir nous faire des exposés sur leur secteur et nous dire le nombre de kilomètres qu'ils ont réalisés, mais nous devons faire impérativement une évaluation précise de l'efficacité des politiques publiques sectorielles”. Cette déclaration est de Chihab Seddik, député du Rassemblement national démocratique (RND). Ouvrant, hier les débats en plénière à l'Assemblée populaire nationale (APN), la déclaration du parlementaire avait des relents d'opposition. “Le métro d'Alger est resté 30 ans, est-on sûr de voir les grands projets aller jusqu'à leur terme ?” s'est interrogé Chihab avant de lancer : “Le gouvernement, aujourd'hui, est interpellé pour un véritable dialogue social et nous demandons aux ministres de nous faire un plan de soutien aux politiques économiques à commencer par le secteur de la santé qui est vraiment catastrophique.” “Il ne faut pas faire du président de la République un paravent pour cacher les erreurs”, lance Chihab, ajoutant qu'“il n'y a aucune créativité pour sortir d'une économie dépendante des hydrocarbures, le monde vit une crise qui perdure et il est prévu une chute des prix du pétrole à tout moment”. Miloud Chorfi, de son côté, en sa qualité de président du groupe parlementaire du parti, indiquera que ce qui est inquiétant, ce se sont “les proportions prises par les dépenses de fonctionnement qui dépassent les 4 600 milliards de dinars, soit 62 milliards de dollars US, tandis que les recettes budgétaires seront à peine de 3 455 milliards de DA, 75% du budget de fonctionnement. Ceci est une contrainte pour la stabilité budgétaire et mérite une attention toute particulière de toute la collectivité nationale afin de déterminer et d'engager des mesures efficaces pour la maîtrise des dépenses publiques et une amélioration des ressources”. La situation macroéconomique “reste fragile”, avertit Chorfi, qui ne manquera pas de souligner les fortes hausses de certaines dépenses budgétaires qui constituent d'ores et déjà une contrainte qui aggrave le déficit du Trésor. “Les pressions économiques et sociales et le poids de plus en plus lourd des politiques publiques, qui font un appel sans cesse renouvelé et plus important au budget de l'Etat, nous interpellent pour maîtriser cette tendance et éviter le choc budgétaire qui pourrait coûter cher à la nation”, dit-il. Usant du même ton d'opposition, le Mouvement de la société pour la paix (MSP), par la voix du député Naâmane Laouer, s'interroge : “Est-ce que c'est normal de dépenser n'importe comment l'argent public ? Est-il normal que nous dépensions des sommes faramineuses dans un festival (celui de Djemila) pour la chanson ?”, avant d'appeler à une véritable réforme des banques, des douanes et des finances. Et justement en parlant des banques, le député du groupe des indépendants, Mohamed Djemiai, a critiqué les banques nationales “qui travaillent dans des conditions dépassées”. Il ciblera tout autant les entreprises nationales et essentiellement celles publiques en les considérant “prisonnières de leur gestion, des dettes, de leurs problèmes de productivité, de leurs résultats ainsi que de la concurrence déloyale”. Le Parti des travailleurs (PT), de son côté, a dénoncé “les facilités octroyées au patronat qui sont une poignée de personnes et qui ne font rien et ne créent pas de l'emploi, au détriment de la majorité des citoyens”. “Au PT, nous ne sommes pas d'accord pour donner plus de facilités au patronat”, dira Taâzibt, député de cette formation politique, qui revendiquera “l'interdiction par le gouvernement de l'importation de la friperie”. Dadouaâ Layachi, le président du groupe parlementaire du Front de libération nationale (FLN), qui a soutenu le gouvernement, n'a pas manqué, cependant, de lui poser un certain nombre de questions : “Comment allez-vous prendre en charge les résultats de la tripartite ? Comment régler le problème de l'électricité dans le Sud ? Comment allez-vous procéder à la réforme financière et monétaire ?” Nadia Mellal