Pour sauver leur outil de production menacé par une crise qui se traduit par une érosion des recettes publicitaires, Liberté et El Watan se sont vus contraints de procéder à une augmentation du prix du journal de 5 DA. Le prix est ainsi porté à 15 DA depuis dimanche dernier. Une décision douloureuse mais qui, du point de vue économique, se justifie amplement. Elle était même inévitable. Ce n'est un secret pour personne, le prix du journal à 10 DA n'a pas changé depuis 1997, contrairement à ceux des autres produits qui ont connu des envolées remarquables. En parallèle, toutes les charges du journal, entre autres la masse salariale, se sont vu multiplier et les effectifs augmenter pendant que de lourds investissements ont été consentis. Certes, un journal n'est pas une entreprise comme une autre où seule la logique commerciale entre en ligne de compte, mais elle ne peut se permettre de travailler à perte au risque de devoir un jour mettre la clé sous le paillasson. Ce qui n'est souhaitable ni pour les journalistes et autres salariés du journal ni pour ses lecteurs, encore moins pour le paysage médiatique national. Guidé par un souci de transparence et son respect pour ses lecteurs, Liberté a décidé de rendre publics quelques chiffres pour une meilleure compréhension des raisons de cette décision. Les frais d'impression du journal représentent quelque 60% du total de ses charges. La masse salariale, elle, représente plus de 27% de ses charges. Pour ce qui est de la structure de recettes du journal, elle se décline comme suit : 60% proviennent de la publicité et 40% des ventes. Ce qu'il faut savoir, c'est que les recettes des ventes ne couvrent même pas les frais d'impression. Pour pouvoir y faire face, Liberté est dans l'obligation de puiser dans ses rentrées publicitaires à hauteur de 9%. Si, par le passé, les entreprises de presse réussissent à tenir le coup, c'était, en grande partie, grâce au boom connu par le marché publicitaire. Or, ces dernières années, les journaux voient leurs rentrées publicitaires baisser substantiellement. Avec de tels vents contraires, continuer de vendre le journal à 10 DA, c'est courir droit à sa perte. Mais, nous en sommes conscients, le lecteur est en droit d'attendre quelque chose en retour : un produit de meilleure qualité. Ainsi, les journaux sont appelés à consentir un surcroît d'efforts pour améliorer et développer leur offre éditoriale. Ce n'est qu'à ce prix qu'ils gagneront la bataille de leur survie. A. C.