Résumé : Ferroudja lui expliqua qu'elle avait besoin de cette coupure et de se ressourcer auprès de ses amis. Voyant qu'elle ne cèderait pas, il la laissa partir. Elle revint trois semaines, plus tard. Lorsqu'il proposa de retourner à la plage, elle refusa. À partir de ce jour, elle ne serait plus libre le vendredi. Krimo comprit combien elle avait dû souffrir. Mais il éprouva une rare joie en décelant dans son aveu que son mariage ne lui avait pas fait oublier leur amour et qu'étant une fois libre, elle était allée chez lui dans l'espoir de le retrouver. Elle avait dû être très déçue. Il comprenait qu'elle ne voulut pas sacrifier l'amitié qui la liait à d'autres gens inconnus de lui, qui avaient été une famille pour elle. - Tu ne m'en as jamais parlé, lui reprocha-t-il. Je ne savais rien de… - C'est du passé, n'en parlons plus ! l'interrompit Ferroudja que tous ses souvenirs remuaient. J'ai promis à mes amis de ne plus jamais te revoir, ils savent que tu es la cause de tous mes malheurs ! - Je t'ai demandée en mariage auprès de ta famille mais tu sais qu'elle a refusé. J'en suis même arrivé aux mains avec ton frère ! J'ai été en prison ! Il était impossible pour moi de pouvoir te contacter. - J'ai promis de ne plus jamais te voir. - Mais c'est monstrueux ! Ils n'en ont pas le droit ! Et toi, tu n'as pas à te sentir liée à une promesse aussi insensée, cria Krimo. - Je le suis pourtant, insista la jeune femme. Je ne peux pas leur avouer ma faiblesse ! - C'est ce Rabah, n'est-ce pas ? - ...et sa femme Zohra, ajouta-t-elle. - Mais il m'a vu l'autre jour. Nous avons discuté au restaurant, s'étonna Krimo. Il me connaît maintenant. - Pas du tout, répliqua Ferroudja. Il ignore ton nom. Ils savent seulement que l'homme que j'aimais, était parti. L'autre fois, il t'avait pris pour une relation de travail ! - Ecoute Ferroudja, je veux bien croire que tu as de l'amitié et de la reconnaissance pour ces amis qui t'ont aidée à traverser une période assez pénible, mais il me semble que dans ce problème, ton choix est simple ! - Il n'y a pas de problème, Krimo. Vous avez chacun une part de mon affection… dans ma vie. - Je te défends d'aller chez eux ! cria-t-il. Si tu y vas, Ferroudja, tout sera fini entre nous ! - Tu dis n'importe quoi ! - Je ne te dis pas n'importe quoi, Ferroudja ! Ils s'affrontaient les yeux dans les yeux, aussi pâles l'un que l'autre. Krimo poursuivit. - Il faut que tu fasses un choix entre moi et tes amis ; c'est eux ou moi. J'ai accepté de te partager avec des amis fantômes auxquels tu me sacrifies et que tu refuses de me faire connaître ! - Krimo...! - Non ! Non ! Tu dois faire un choix ce soir, s'écria-t-il. Nous ne pouvons pas continuer de vivre ainsi ! Tu as toute la nuit pour réfléchir ! Il n'eut pas à attendre toute la nuit pour connaître sa réponse. Ferroudja était déchirée mais elle ne pouvait pas changer. - Je ne peux pas sacrifier mes amis pour toi, lui dit-elle franchement. Si seulement tu acceptais… - Dans ce cas, adieu ! - Comme tu veux, murmura Ferroudja en prenant son sac à main. Elle quitta l'appartement de Krimo comme une somnambule et descendit lentement l'escalier. Le vent frais qui soufflait sembla la réveiller. Elle ne trouva aucun taxi qui put l'emmener à son quartier. Elle rentra à pied chez elle. Elle ne donna plus signe de vie. Krimo avait espéré qu'elle regretterait, lui téléphonerait pour lui demander pardon. Mais c'était mal la connaître… (À suivre) A. K.