En Kabylie, c'est “une poignée d'agitateurs qui visent le pourrissement”, la catastrophe de Bab El-Oued “a été bien gérée”, et des terroristes en activité “il n'en reste que 400 !” La gestion des événements de Kabylie et de la catastrophe du 10 novembre 2001 est irréprochable à en croire le ministre de l'Intérieur qui intervenait, hier à 15 heures, sur les ondes de la radio Chaîne III. Comme à l'accoutumée et ce, depuis le début du Printemps noir, Zerhouni prend tous les raccourcis possibles et imaginables pour détourner l'opinion des véritables revendications que porte le mouvement citoyen et imputer à ses animateurs toute la responsabilité de la situation dans la région. Il résume, en effet, la crise de Kabylie en une phrase. Pour lui, c'est une poignée “d'agitateurs qui visent le pourrissement et le chaos pour faire pression sur le régime et le faire tomber”. En s'interrogeant sur le fait que les événements aient éclaté au moment où le président de la République a entamé le programme de relance économique, le ministre de l'intérieur déplore le fait que les wilayas, qui ont vécu le Printemps noir, “n'aient pas pu bénéficier du programme présidentiel”. Zerhouni qui fait l'impasse sur les solutions à apporter à une crise qui secoue le pays depuis maintenant 20 mois ne prévoit aucune réponse aux revendications portant sur la libération des détenus. Pis, il préconise l'organisation d'élections partielles dans les communes où le vote a été invalidé au lendemain du dernier scrutin local. À ce sujet, il affirme alors que les délais légaux seront dépassés le 24 novembre prochain, une date sera décidée en commun accord avec les partis qui estiment déjà qu'il est impossible de tenir une telle élection au jour d'aujourd'hui. Abordant la catastrophe du 10 novembre 2001, le ministre de l'Intérieur nie qu'il y ait eu un manque de coordination entre les différents services relevant de son département. Pour lui, “ceux qui ont critiqué la gestion de ce drame n'ont jamais mis les pieds à Bab El-Oued”. À suivre sa logique, on comprendrait que toutes les victimes du samedi noir et les rescapés du déluge ont été parfaitement pris en charge. Zerhouni ne laisse pas l'ombre d'un doute planer sur la perfection du rôle joué par ses services. Questionné sur le projet du nouveau code communal et de wilaya, le ministre de l'Intérieur annonce que les textes qui seront soumis à débat consolident les attributions des communes en termes de fiscalités locales. Mais les prérogatives des présidents des APC ne dépasseront pas, en fait, ce cadre. Les communes qui seront soulagées, désormais, de la prise en charge de la garde communale, dira-t-il, “doivent avoir des ressources propres, ce qu'il qualifie de financements de base qui serviront à couvrir les besoins de voiries, des écoles et de la solidarité sociale”. Concernant la situation sécuritaire, le ministre de l'Intérieur a réitéré la détermination de l'Etat à aller jusqu'au bout dans la lutte contre le terrorisme, en estimant que “le nombre de terroristes encore en activité est évalué à près de 400 éléments à travers tout le territoire national”. Ils sont, selon lui, “éclatés en petits groupes et vivent dans des zones difficiles d'accès”. “Ces terroristes qui ne peuvent que commettre des actes lâches n'ont qu'à se rendre ou à se suicider”, conclura Nourreddine Yazid Zerhouni. S. R.