RESUME : Si elle refusait de le présenter à ses amis, c'était parce qu'elle leur avait promis de ne jamais reprendre avec lui. Krimo lui demanda de choisir entre eux. Il lui donna la nuit pour réfléchir, mais elle n'attendit pas le matin pour lui répondre. Elle prit son sac à main et partit, le cœur déchiré… Krimo ne supportait pas l'ennui et la solitude qu'elle avait laissés à son départ, en sortant de sa vie. Il errait souvent la nuit, une fois son travail terminé. Dans son appartement, il retrouvait trop de souvenirs. Elle avait empreint son passage en modifiant les positions des meubles, en ayant embelli les pièces par des pots de fleurs. Il avait toujours avec lui son beau visage brun, ses yeux pareils à une nuit étoilée, son sourire. Elle ne devait pas l'aimer comme il l'aimait sinon elle n'aurait jamais songé à le sacrifier, lui ! Il ne comprenait pas pourquoi il avait été sacrifié pour l'amitié de ses amis. Puisque ce n'était pas une relation d'amour comme il se l'était imaginée au début. Enfin, puisqu'elle et Rabah n'avaient qu'une relation amicale et qu'elle était toujours invitée par sa femme Zohra, qui était donc cet amour dont elle lui avait parlé ? Comment savoir ? Il ne savait pas où retrouver Rabah… Il fallait que quelqu'un l'aide. Il ne voulait pas admettre qu'il l'avait bel et bien perdue pour un amour imaginaire. Il saisissait qu'il y avait des choses qu'elle ne lui avait pas dites. Volontairement ou involontairement, il l'ignorait. Seulement il était décidé à tout savoir. Il en aurait le cœur net dès demain, jeudi soir. Elle partirait encore vers cette destination inconnue de lui, de tous. Son cœur battait très fort quand, le lendemain, il se posta à l'abri d'un café situé en face de l'immeuble où résidait Ferroudja. Il attendit près de deux heures avant de la voir sortir de la cage de l'immeuble. Elle portait un sac de voyage. Un taxi venait de s'arrêter à sa hauteur et elle s'installa à l'arrière. Krimo sortit du café et héla un taxi qui arrivait. C'était chanceux. Il avait cru qu'elle partirait jusqu'à la gare routière à pied mais, visiblement, elle s'organisait comme elle le pouvait. Il se souvenait qu'une fois sur trois, elle partait en car. Ce fut à la gare qu'elle fut déposée. Comme d'habitude, il y avait beaucoup de monde. Il n'eut aucune difficulté pour se dissimuler. Il la laissa monter dans le car. Le chauffeur lui dit qu'il partait à Dellys. Il monta par la porte arrière. Il avait remarqué que Ferroudja s'était assise à l'avant. Le receveur discutait avec elle. Il devait la connaître puisqu'elle partait chaque jeudi avec eux. Krimo s'était installé à l'arrière, dans le coin gauche pour pouvoir garder un œil sur elle sans être vu. Le jeune assis à côté voulut bien lui prêter son journal. Il le déploya pour pouvoir se cacher au cas où elle se retournerait. Ce fut à Dellys que Ferroudja descendait, après avoir pris son sac de voyage qu'elle avait placé sous le siège du chauffeur. Krimo en fit de même, se mêlant aux jeunes du village qui rentraient de leur travail à Alger. Il lui emboîta le pas, à une vingtaine mètres. Heureusement, apparemment perdue dans ses pensées, elle ne songea pas à se retourner. Elle traversa la rue et s'engagea dans une ruelle qui donnait sur des villas, séparées par des jardins clôturés. Le cœur serré par l'angoisse, Krimo était prêt à entrer dans n'importe quel jardin si elle se retournait. Elle ne pourrait pas le reconnaître. Il était mis des vêtements qu'elle n'avait jamais vus sur lui. Arrivée à la cinquième villa, Ferroudja poussa le vantail d'un portail et emprunta une voie très étroite bordée de fleurs. Krimo qui n'avait pas osé s'aventurer plus loin vit une longue silhouette débouler d'un autre jardin et se précipiter vers elle, avec un cri de joie… (À suivre) A. K.