Une nouvelle expertise, à la décharge des accusés, remise le 16 octobre dernier à la cour d'appel d'Annaba devant rejuger l'affaire SNTF, pourrait contredire les accusateurs des 5 cadres de la DRF Annaba, qui sont appelés à comparaître, aujourd'hui, dans ce dossier pour “faux, usage de faux et dilapidation des deniers publics”. Griefs portant sur la vente de plusieurs centaines de tonnes de matériel roulant réformé, qui est supposée avoir fait subir à l'entreprise ferroviaire un préjudice financier de l'ordre de 45,6 millions de DA et qui a valu aux 5 cadres accusés (dont 3 ex-directeurs régionaux) des peines de 4 années de prison ferme assorties de 20 millions de centimes d'amende chacun. Le dernier rapport d'audit fait ressortir, en effet, que la procédure de cession des matériels réformés, locomotives, wagons et jusqu'aux plus petits composants en ferraille de ces équipements, a été respectée à la lettre par les cadres concernés et que l'examen comptable n'a pas permis de déceler le moindre préjudice. Cette expertise, dont Liberté détient une copie, est rédigée par le cabinet Boulahdour Yacine, commissaire aux comptes, agréé auprès des tribunaux, auquel la partie civile, à savoir la Sntf, a confié l'audit externe contradictoire, faute de preuves formelles et après un appel à la concurrence paru dans la presse nationale. Ledit cabinet se targue d'avoir épluché, des mois durant, chacune des pièces consignées à charge contre les cadres impliqués et de s'être rendu sur les sites mêmes où une partie importante des machines déclarées “disparues” se trouve encore. Les conclusions de l'auteur du document remettent totalement en cause la première expertise, ainsi que l'audit SNTF initial et pourraient peser sur la décision de la justice lors de cette audience en appel. Elles confirment en tout cas les dires des 5 cadres qui ont de tout temps rejeté en bloc et dans le détail les accusations de malversations dont ils font l'objet. Ces derniers soutiennent, rappelons-le, qu'ils n'avaient fait que suivre les instructions de leur hiérarchie et que toutes les conventions de vente de ferraille sont élaborées et signées exclusivement par la DG de la SNTF. Ils ont expliqué jusqu'ici, à qui voulait les écouter, que lesdites conventions fixent le prix, l'acheteur, le type de produit et la durée de chaque opération de cession de matériel réformé, la direction régionale ferroviaire ne faisant qu'appliquer les instructions. De plus, ils avaient essayé de faire comprendre que les ventes de ferraille remises en cause par la PJ, l'expert judiciaire et la justice, ont été réalisées entre la SNTF et des entreprises publiques en l'occurrence : la Stim, une filiale à 100% de la SNTF, et l'Entreprise publique de récupération de l'Est (ERE). Il y a lieu d'indiquer que toute l'affaire a été déclenchée en novembre 2008, suite à une dénonciation de dilapidation et de détournement de deniers publics contre les principaux responsables de la DRF/Sntf, d'Annaba, de la part de trois cadres de l'entreprise. Cette affaire, dont on a multiplié les versions et le jugement du tribunal en première instance, a provoqué un sentiment de profond découragement au sein de l'encadrement encore en poste et une pétition de démission collective aurait été adressée à la tutelle, apprend-on de sources proches de la direction régionale Sntf d'Annaba. A. Allia