Le passage de Kateb Yacine du théâtre révolutionnaire en langue française au théâtre en langue arabe populaire, et la volonté de ce dramaturge d'aller vers un théâtre révolutionnaire d'expression amazighe, durant les années 1980 notamment, sont autant de thèmes qui étaient au centre du débat. La Maison de la culture Mouloud-Mammeri de Tizi Ouzou a abrité, avant-hier, les activités du deuxième colloque scientifique sur la vie et l'œuvre de l'écrivain, dramaturge, poète et journaliste Kateb Yacine. Placée sous le thème “Kateb Yacine, une vie nommée théâtre”, cette rencontre a rassemblé des universitaires et des chercheurs, dont Mohamed Lakhdar Maougal, qui est revenu sur l'ossature des textes du père de Nedjma, dans une communication intitulée “Le théâtre de Kateb Yacine, de l'écrit à l'oral”. Il a abordé le concept de la révolution à travers deux œuvres de l'auteur, à savoir le Cadavre encerclé (écrit après les évènements du 8 Mai 1945), et les Ancêtres redoublent de férocité (faits sur la guerre d'Algérie). “Mais qui sont ces ancêtres ? Des cavaliers numides dans la première œuvre puis des nomades dans la seconde. Kateb, en parlant des ancêtres, voyait au-delà des Keblouti, les fondateurs de sa tribu”, a-t-il estimé. L'interlocuteur s'est étalé sur la dimension de la langue dans la destinée des peuples, et la vision de Yacine de la révolution, par le prisme de la langue. “La langue n'est ni colonisatrice, ni colonisée. ‘Un butin de guerre' oui, comme disait Kateb Yacine, mais il faut s'en servir. Kateb respirait et transpirait la poésie, c'était un homme pacifiste qui détestait la guerre. Une guerre est toujours engendrée par le capitalisme, contrairement à la révolution”, a-t-il indiqué. Le passage de Kateb Yacine du théâtre révolutionnaire en langue française au théâtre en langue arabe populaire, et la volonté de ce dramaturge d'aller vers un théâtre révolutionnaire d'expression amazighe, durant les années 1980 notamment, sont autant de thèmes qui étaient au centre du débat. Le conférencier n'a pas choisi juste la vie de Kateb Yacine à travers ses œuvres, il a également fait une projection par rapport à la portée d'une révolution vers l'actualité, avec ce que vit actuellement le monde arabe comme bouleversements. Vingt-trois ans après sa mort, Kateb Yacine suscite encore le débat sur la légitimité d'une révolution. “Ce qui se passe dans le monde arabe est loin d'être des révolutions pour la paix, mais des guerres qui cachent des intérêts financiers. Je déteste les dictateurs, mais toutefois, toute guerre est engendrée par le capitalisme. Ce qui se passe en Libye, en Egypte, en Tunisie et en Syrie, n'est que le fruit d'une guerre d'intérêt et d'armement. Ce qui fait la guerre ce sont les marchands d'armes. Une matière qui fait l'économie occidentale. L'utilisation du napalm en Libye ne justifie pas la bonne volonté des occidentaux à faire la paix dans ce pays”, a martelé Mohamed Lakhdar Maougal. Par ailleurs, d'autres conférences-débats étaient prévues, notamment celle animées par Betouche Aini, enseignante au département français de Tizi Ouzou, sous le thème “La contestation et ses procédés dans le Bourgeois sans culotte de Kateb Yacine”, ou encore celle de Malika Boukhlou, docteur en langue et civilisation française à l'université Mouloud-Mammeri de Tizi Ouzou, qui avait pour thème, “L'émigration vue par Kateb Yacine dans ‘Mohamed prends ta valise'”. Dimanche, deuxième jour du colloque, trois conférences étaient programmées : celle de Bouziane Ben Achour intitulée “Kateb Yacine, un théâtre indigné”, celle animée par Messaoud Belhasseb, de l'université de Guelma, portant sur “‘le Cadavre encerclé', une leçon d'humanisme”, et enfin celle de Zoubeïda Mameria intitulée “Kateb Yacine et l'imaginaire collectif”. K. Tighilt amnay 31-10-2011 15:39 akavachiw 31-10-2011 12:47 franchise 31-10-2011 11:39