Le Premier ministre Benjamin Netanyahu et son ministre de la Défense Ehud Barak auraient pris la décision de lancer une attaque contre des sites nucléaires iraniens, a révélé le quotidien Yedioth Ahronoth dans l'un de ses éditoriaux. Pour sa part, citant une source officielle, le quotidien Haaretz confirmait un peu plus tard, mercredi, que Netanyahu et Barak tentaient de convaincre une majorité au sein du cabinet et que le ministre des Affaires étrangères, Lieberman, s'est déjà rallié à cette option. Il ne s'agit pas d'une simple spéculation puisque, par deux fois déjà, Israël a mené ce type d'opération. En 1981, l'aviation israélienne avait détruit le réacteur irakien d'Osirak et, en septembre 2001, une installation secrète en Syrie. Dans les deux cas, la décision a été prise par le cabinet restreint. On y trouve, parmi les politiques, le Premier ministre, le ministre de la Défense et le ministre des Affaires étrangères. Parmi les militaires, y figurent le chef du Mossad, le chef d'état-major des armées, le directeur du renseignement militaire et le chef des services de sécurité intérieure (Shin Beth). L'avis des responsables militaires est prépondérant dans la prise de ce genre de décisions, particulièrement sensibles. Or, les responsables hostiles à une aventure militaire contre l'Iran ont tous été remplacés l'année dernière. Il s'agit de Meir Dagan au Mossad, Gabi Ashkenazi à l'état-major, Amos Yadlin au renseignement militaire, et Yuval Diskin au Shin Beth. Ils ont été respectivement remplacés par Tamir Pardo, Benny Gantz, Aviv Kochavi et Yoram Kohen. Tous ont été nommés par Benjamin Netanyahu, ce qui peut laisser supposer qu'ils ne s'opposeront pas à lui si sa volonté d'attaquer l'Iran était avérée. L'Agence internationale sur l'énergie atomique devrait rendre un rapport important sur l'Iran dans les tout prochains jours. La plupart des experts affirment que le programme nucléaire iranien ne s'est jamais interrompu, même s'ils ne sont pas tous d'accord sur les délais nécessaires à l'Iran pour se doter de la bombe. Les sanctions internationales atteignent leurs limites, et la Chine ainsi que la Russie pourraient s'opposer à une nouvelle batterie de sanctions. Les opérations secrètes, menées par le Mossad, n'ont eu qu'une portée réduite. En effet, trois savants iraniens proches du programme nucléaire ont été assassinés au cours des deux dernières années, un virus informatique baptisé Stuxnet a déréglé les centrifugeuses produisant de l'uranium enrichi, et une série d'explosions a saboté des installations souterraines iraniennes en 2010. Cela ne semble pas avoir suffi pour compromettre durablement le programme militaire iranien, auquel on prête des velléités militaires. C'est pourquoi l'option militaire envisagée est loin de relever de la simple gesticulation. L'affaire est d'autant plus prise au sérieux que les Etats-Unis et la Grande-Bretagne sont tout prêts de s'aligner sur cette option. Les deux pays envisageraient même des tirs préventifs contre les installations nucléaires iraniennes. Selon le Guardian, le ministère de la Défense britannique est à pied d'œuvre pour préparer des plans d'intervention afin de participer à une action militaire aux côtés des Etats-Unis. Il s'agirait de frappes aériennes ciblées et du déploiement de navires de guerre dans la région, à l'exclusion de déploiement terrestre. Les Iraniens auraient installé leurs réacteurs les plus performants dans une base militaire enterrée dans une montagne près de Qom. La crainte d'Israël et de ses alliés vient de ce que, sur la foi de rapports de renseignement, l'Iran puisse avoir mis hors de portée des missiles adverses toutes ses installations d'ici une année. C'est pourquoi, estime-t-on dans les milieux militaires, si une telle intervention devait avoir lieu, elle devrait intervenir avant le printemps. À Tel Aviv, à Londres et à Washington, on tente de relativiser l'importance des préparatifs, arguant qu'il ne s'agit que de se tenir prêts au cas où…Mais, dans aucune des capitales on ne nie que l'option est plus que jamais sur la table. M. A. Boumendil