Le porte-parole du CLA l'a annoncé hier Osmane : “La présidence veut négocier” Devant les échecs successifs du ministre de l'Education nationale, M. Boubekeur Benbouzid, El-Mouradia semble prendre “les choses en main”. Selon M. R. Osmane, un émissaire de la présidence, “un universitaire”, a pris attache hier matin “par téléphone” avec le secrétaire général du Conseil des lycées d'Alger. “C'est pour une éventuelle réunion préliminaire de négociation”, a expliqué, hier, M. Osmane, lors du rassemblement organisé au siège du CNES à Alger. Le responsable du Conseil des lycées d'Alger a ajouté que l'envoyé de la présidence lui a proposé de prendre le temps nécessaire pour désigner des délégués qui représenteront les enseignants grévistes. Cette proposition est considérée positive par le porte-parole du conseil qui a lancé un ultimatum. “Nous laisserons un délai jusqu'à mercredi pour que la présidence reprenne contact avec le conseil. Passé ce délai, nous reconduirons la grève à une autre semaine”, ajoute notre interlocuteur. Dans le même contexte, M. Osmane a affirmé que le Conseil des lycées d'Alger entamera les négociations dans le cadre de la plate-forme de revendications. “Nous ne braderons pas nos trois revendications : la revalorisation des salaires à 100%, un statut particulier pour le professeur du secondaire, ainsi que le droit à la retraite après 25 ans de service socioprofessionnel”. Par ailleurs, lors de ce rassemblement, les enseignants n'ont pas omis de soumettre à la base les noms des grévistes qui ont reçu de nouvelles mises en demeure et des mesures de suspension et, cela, malgré la décision d'“amnistie” décidée par le ministre de l'Education, M. Benbouzid, à l'égard des enseignants grévistes. Selon eux, la sortie de Benbouzid n'est qu'un simple effet d'annonce destinée à étouffer la protestation “puisque rien n'a été appliqué” . “Alors que les menaces et les intimidations persistent encore aujourd'hui”, renchérit un professeur. Rappelons enfin qu'hier aussi les lycées ont répondu favorablement à l'appel de grève lancé par le Conseil des lycées d'Alger (CLA) et le Conseil national des personnels de l'enseignement secondaire et technique (Cnapest). Les deux syndicats seraient “satisfaits” des résultats de cette grève. Nabila Afroun Benbouzid calme le jeu L'inspection de l'académie d'Alger a annoncé, hier, que les mesures envisagées par le ministère de l'éducation au profit des professeurs d'enseignement secondaire grévistes ont été adoptées et que les intéressés en ont reçu notification. Ces mesures qui prévoient l'annulation des mesures administratives et la levée des poursuites judiciaires à l'encontre de 13 enseignants d'Alger visent, selon un communiqué de l'inspection, un apaisement de la situation. Il s'agit également d'assurer la reprise des cours au niveau des établissements secondaires dont certains sont presque paralysés depuis le début de l'année scolaire. Le ministre de l'éducation a appelé les enseignants grévistes à “regagner leurs postes de travail samedi”, soulignant que “le gouvernement prendra en charge leurs revendications en temps opportun”, avant d'annoncer “l'annulation des mesures réglementaires prises à l'encontre des enseignants ainsi que des poursuites judiciaires”. Au terme des réunions avec les représentants des enseignants en grève, le ministère de l'éducation nationale a procédé, en coordination avec le gouvernement, à la mise en place de trois ateliers. Les enseignants désertent encore la FNTE Naissance à Bouzeguène de la coordination intercommunale des PEM La coordination intercommunale des professeurs d'enseignement moyen vient de voir le jour à Bouzeguène après plusieurs réunions de concertation. La création de ce mouvement se veut une force de rassemblement de concertation et de défense des droits ainsi que la prise en charge de toutes les préoccupations des enseignants du moyen à l'instar de leurs collègues du secondaire, à travers leur structure le CNAPEST, dont les revendications intéressent toute la famille enseignante. Constatant la manière avec laquelle le ministre de l'éducation, M. Benbouzid, a réagi aux exigences du CNAPEST, avec une réelle volonté d'étouffer toute contestation avec la bénédiction de son satellite, la FNTE/UGTA et la campagne d'intimidation, d'arrestation et de suspension des PES et la non-reconnaissance du mouvement qualifié d'illégal et hors la loi, les professeurs d'enseignement moyen de la daïra de Bouzeguène à l'instar de leur collègue des daïras de la wilaya de Tizi Ouzou ont décidé de s'organiser de manière autonome à travers une structure autonome pour défendre leurs droits. La coordination intercommunale des PES constitue actuellement une réelle force de mobilisation qui pourra se substituer à la défaillance palpable du syndicat public la FNTE/UGTA. Ce dernier, au lieu de défendre les travailleurs, s'érige en pompier, en venant à la rescousse de la tutelle — le ministère — chaque fois que ce dernier est en difficulté, n'acceptant aucune alternance qui viendrait lui ravir son véritable rôle qu'il n'a jamais su mener à bien et à terme. D'ores et déjà, une semaine action de constatation vient d'être décidée avec le dépôt d'un préavis de grève de trois jours à partir du samedi 8 novembre. Une plateforme de revendication accompagne ce préavis dont les trois principales revendications de dimension nationale et des problèmes relevant de la direction de l'éducation de Tizi-Ouzou. L'absence de réponse positive dans les détails pourrait conduire à une grève à répétition puis illimitée. C. Nath Oukaci MASCARA Le mouvement s'intensifie Le mouvement de grève observé en signe de solidarité par 5 établissements du secondaire lors de la journée du dimanche 2 novembre s'est considérablement intensifié puisqu'il est suivi par la quasi-majorité des enseignants exerçant dans les établissements implantés à Mascara-ville, Tighenif, Hachem, Bouhanifia, El-Bordj et Sidi Kadda. Seuls les établissements relevant des daïras de Sig et de Mohammadia pour des raisons inconnues n'ont pas encore été touchés, mais les initiateurs de cette démarche ont pris attache avec leurs collègues afin de les convaincre de la nécessité de cette action qui relève de l'intérêt général. Les grévistes soutiennent les revendications formulées par ceux qui parlent en leurs noms et espèrent que les négociations aboutissent pour une meilleure considération de la profession. Si dans certains établissements, les grévistes ont procédé à 2 jours d'arrêt des cours, pour les autres, c'est carrément toute la semaine qui est ciblée. En l'absence de textes spécifiques régissant de telles situations, les responsables au niveau de la direction de l'éducation nationale ont saisi le ministère pour que leur soient dictées les mesures à prendre. Dans ce contexte, l'avis des parents d'élèves reste partagé, car il y a ceux qui sont favorables à la grève et ceux qui la condamnent, mais tous souhaitent qu'une solution soit trouvée le plus vite pour que leurs enfants ne soient pas pénalisés, notamment les candidats au baccalauréat astreints à respecter le programme qui s'étale sur toute l'année. A. B. Oum El-Bouaghi Les lycées rejoignent le mouvement Epargnés jusque-là par le mouvement de grève suivi par les professeurs du secondaire à travers le pays, en dépit du débrayage entamé par les lycées de Aïn M'lila et les journées de soutien organisées à Aïn Beïda, les établissements du chef-lieu de wilaya ont rejoint, à partir de ce dimanche, le mouvement (2 lycées et 2 technicums) solidaires avec leurs collègues du territoire national. Les enseignants des lycées Boukhalfa et Amir-Salhi, et des technicums Zeghdani et Sahel, n'assurent pas les cours et ne comptent pas se démarquer de leurs collègues des autres régions. Exception faite pour le lycée Ferhati qui a continué à assurer les cours. Ce débrayage au chef-lieu de wilaya vient après que les 2 autres grands centres urbains eurent connu des journées de grève et de soutien. À Aïn M'lila, l'association des parents d'élèves du lycée Messas, après une rencontre avec les enseignants grévistes, a réitéré son soutien aux revendications des enseignants dans un communiqué adressé par son président à la presse. À Aïn Béïda, ce sont les lycées Ziraï et Ababsa qui ont donné le ton, et des informations concordantes feraient état même de l'installation d'une section Cnapest au sein du lycée Zinaï. Même le lycée de Aïn Babouche a débrayé ce dimanche, et des sources concordantes feraient état de la généralisation de la grève à travers la wilaya. K. M. Le SG de l'UGTA fait volte-face Sidi Saïd : “Je ne suis pas médiateur” Il dément avoir rencontré des représentants du CLA. “Je ne m'occupe que de mes troupes”, martèle le patron de l'Union générale des travailleurs algériens (UGTA). Contacté, hier, pour connaître les résultats de sa médiation annoncée entre le gouvernement et les syndicats autonomes de l'enseignement — le Conseil des lycées d'Alger (CLA) et le Conseil national des professeurs de l'enseignement secondaire et technique (Cnapest) — initiateurs de la grève qui paralyse actuellement les lycées du pays, Abdelmadjid Sidi Saïd dément avoir été sollicité par les pouvoirs publics pour user de son influence et désamorcer la crise. Pourtant, les journaux se sont largement fait l'écho, cette semaine, de l'implication de la Centrale syndicale dans le conflit en citant son premier responsable. Sidi Saïd aurait ainsi été sollicité par le Chef du gouvernement, Ahmed Ouyahia, pour “ramener les enseignants à la raison”. À ce propos, il devait rencontrer les syndicalistes du CLA et du Cnapest afin de les convaincre d'abandonner l'option radicale. Il n'en est rien. “Je n'ai rencontré et je ne rencontrerai personne”, soutient le concerné. Du coup, l'entrevue qu'il devait avoir avec l'autre partie en conflit, à savoir le Chef du gouvernement, semble compromise. En effet, alors que ce tête-à-tête était programmé pour dimanche, puis retardé à lundi, il est de nouveau reporté à une date indéterminée. “Ce sera au cours de cette semaine”, promet Sidi Saïd. Cependant, si sa mission de bons offices n'est plus d'actualité, de quoi va-t-il discuter avec Ouyahia ? Manifestement, le refus des syndicats autonomes de cette médiation a conduit tout bonnement à son annulation. Redouane Osmane, porte-parole du CLA, est formel à ce sujet. “Nous rejetons toute implication de l'UGTA”, affirme-t-il. Pour cause, comme ses collègues du syndicat, il considère que la Centrale syndicale, à travers sa Fédération de l'éducation, au lieu de se solidariser avec les grévistes, a tenté de contenir le mouvement de protestation en jouant comme d'habitude au pompier. En effet, la FNTE a essayé de négocier un pacte de paix avec la tutelle à la place des principaux concernés. Ne voulant rien perdre de son monopole, l'UGTA agit ainsi en tutrice. D'ailleurs, Sidi Saïd le montre bien en décrétant sur un ton paternaliste que la grève peut nuire à l'avenir de “nos enfants”. “Les enseignants ont des revendications légitimes, mais il ne faut pas qu'ils soient jusqu'aux-boutistes”, entonne-t-il. Cette radicalisation pourtant épouse étrangement le nouveau discours de la FNTE. Après avoir montré patte blanche, le syndicat officiel se découvre des talents de baroudeur. Pour empêcher la dispersion de ses troupes, lui aussi entre en guerre contre les pouvoirs publics et menace d'une grève. SAMIA LOKMANE