Le président Bouteflika a effectué, hier, sa septième visite à Constantine depuis son investiture. Ce périple dans la capitale de l'Est algérien a été des plus courts, en ne dépassant pas les trente minutes. Toutefois, si le président s'est limité au geste inaugural du deuxième tronçon du contournement autoroutier de la ville, son frère, le conseiller, a mené plusieurs tractations avec des personnalités locales que le cercle présidentiel juge influentes sur l'opinion publique en prévision de l'échéance de 2004. Pour nombre d'observateurs locaux, en matière de marketing et de promotion politique, le déplacement constantinois de M. Bouteflika a fait un flop. Malgré l'importance pour la région des infrastructures inaugurées et qui s'inscrivent dans le mégaprojet de l'autoroute Est-Ouest, la présence éclair du Président dans la ville a été ressentie comme un non-événement. Outre une centaine d'écoliers, ramenés par bus, il n'y avait pas plus d'une vingtaine de personnes formées essentiellement de cadres RND et de membres du mouvement de “redressement” du FLN, pour applaudir le Président. Les “redresseurs” et pour la première fois, ont transgressé les règles protocolaires les plus élémentaires en participant à l'organisation de la visite et en prenant place dans le carré d'honneur parmi les élus et les cadres supérieurs. Evidemment, leur seule carte de visite est cette banderole affichant leur position par rapport à la crise qui secoue le FLN et faisant éloge de la “haraka tashihia” du FLN. À ces redresseurs, se sont joints des figures locales du RND, ainsi que des présidents d'associations budgétivores, qui ne cessent, depuis des années, de défrayer la chronique locale des scandales financiers. Si le passage du Président à Constantine s'est limité au geste inaugural, la présence de Saïd Bouteflika n'est pas passée inaperçue. Entre deux discussions avec des “redresseurs” du FLN, il a tenu un long tête-à-tête avec le président d'un des clubs locaux de foot les plus en vue. Des tractations qui donnent un aperçu sur un des volets de la future campagne électorale du président-candidat et où même les clubs sportifs avec leurs fans, déjà difficilement maîtrisables, seront certainement instrumentalisés. Lors du dernier remaniement du gouvernement, le président a misé gros sur Constantine, en offrant trois portefeuilles ministériels à des personnes issues du terroir et proches du mouvement de “redressement” local. En retour, hier, les rangs de ces derniers, venus à l'accueil du président-candidat, pourtant renforcés par des Rndistes, étaient si maigres que leur nombre n'a pas dépassé la vingtaine. Désillusions d'un candidat à la recherche de ses hommes ! M. K.