Le président sahraoui, tout en rejetant le plan d'autonomie marocain, interpelle aussi la communauté internationale à prendre ses responsabilités vis-à-vis du peuple sahraoui, qui ne doit pas être, selon lui, occulté par les printemps arabes. Le président de la République arabe sahraouie démocratique (RASD), Mohamed Abdelaziz, a réaffirmé, jeudi, que l'indépendance nationale de son pays “demeure la seule solution au conflit du Sahara occidental qui satisfasse la revendication légitime et légale de tous les Sahraouis”. Dans une allocution, à l'occasion du 1er anniversaire de l'agression marocaine contre le camp sahraoui de Gdeim Izik (8 novembre 2010), il a réitéré son rejet de la solution d'autonomie estimant qu'“eu égard à tous les hauts faits accomplis et ceux qui restent à accomplir par le peuple sahraoui, l'indépendance nationale reste l'unique issue au conflit du Sahara occidental (...).” Cet anniversaire se veut, a-t-il dit, une rétrospective des idéaux et principes de la révolution du 20-Mai appelant le peuple sahraoui “à unir davantage ses rangs en faveur de l'unité nationale pour faire face aux complots fomentés par les occupants (...) et à résister davantage face à l'occupation jusqu'à l'indépendance.” Pour le président sahraoui, cet évènement est aussi important que le soulèvement de Zemla en 1970, la création du Front Polisario et sa proclamation de la lutte armée en 1973 ainsi que la fondation de la République arabe sahraouie démocratique. M. Abdelaziz est revenu sur ce qu'il a qualifié de “terrorisme d'Etat marocain” infligé au peuple sahraoui, à l'instar du “crime odieux perpétré contre ce camp, faisant plusieurs morts et blessés ainsi que plusieurs arrestations de citoyens sahraouis.” Il a, par ailleurs, rappelé que “23 détenus politiques sont encore emprisonnés par le gouvernement marocain dans la prison de Salé II”. “Ces vaillants, a-t-il dit, s'étaient dévoués pour que le peuple sahraoui recouvre ses droits (...), dont le droit à l'autodétermination et à l'indépendance". En dépit de la “conviction de ces détenus d'opter pour la résistance pacifiste et civique dans le cadre du respect du droit international", le gouvernement marocain les a présentés devant un tribunal militaire, ce qui les a poussés, a-t-il soutenu, à observer une grève de la faim qui entame, à cette occasion, sa deuxième semaine. Le président sahraoui a, en outre, évoqué les 28 détenus sahraouis arrêtés lors de l'attaque marocaine contre la ville de Dakhla, réaffirmant sa solidarité avec tous les détenus sahraouis pour “leur combat légitime” et son attachement à “leur libération sans condition” et à “la poursuite en justice de tous les criminels et bourreaux du gouvernement marocain, responsables de graves violations des droits de l'homme dont témoignent les organisations internationales.” Le président sahraoui n'a pas manqué de rappeler aussi l'enlèvement dans les camps de réfugiés sahraouis, le 22 octobre dernier, de trois coopérants humanitaires européens, soulignant sa solidarité avec leurs familles et sa “détermination de poursuivre les efforts jusqu'à leur libération.” La célébration du 1er anniversaire de l'attaque contre le camp de Gdeim Izik aura été l'occasion du lancement d'une campagne internationale pour la libération des prisonniers sahraouis par l' “Association nationale (italienne) de solidarité avec le peuple sahraoui (ANSP).” Il y a un an, le 8 novembre 2010, les forces d'occupation marocaines démantelaient avec une violence inouïe le camp de dignité de Gdeim Izik d'El-Ayoun, capitale du Sahara occidental occupé. “Plus de 20 000 personnes ont été expulsées en quelques heures de leurs tentes, dans l'indifférence de l'opinion publique internationale”, a indiqué l'association. Cette dernière a également déploré le fait que les autorités marocaines n'aient jamais permis l'ouverture d'une enquête internationale sur les faits qui ont émaillé cette tragédie. “Le lancement de cette campagne internationale intervient également à l'occasion de la grève de la faim observée par les prisonniers sahraouis dans la prison de Salé (Maroc) après les événements de Gdeim Izik.” En Italie, ce premier anniversaire a été commémoré par une dizaine d'ONG, amies du peuple sahraoui, en présence de représentants du Front Polisario. À cette occasion, la militante sahraouie des droits de l'homme, Soltana Khya, invitée par les autorités locales de Bologne (Emilie-Romagne), a condamné le dernier rapt des humanitaires européens, dont une Italienne, dans les camps de réfugiés sahraouis près de Tindouf, exprimant la solidarité de toutes les composantes du peuple sahraoui avec leurs familles. Pour sa part, le chef de la représentation sahraouie en Italie, Omar Mih, a évoqué les derniers développements dans le conflit sahraoui, au niveau des Nations unies, soulignant “la collaboration sérieuse” du Front Polisario avec l'envoyé spécial onusien, et sa volonté de “régler pacifiquement la crise”, ainsi que “les entraves” dressées par le Maroc devant toute solution du conflit qui passe par l'exercice du droit du peuple sahraoui à l'autodétermination. Par ailleurs, le film documentaire Le problème, témoignage du peuple sahraoui, de Jordi Ferrer et Pablo Vidal (Espagne), a été projeté mercredi soir à Paris devant un public sidéré par l'ampleur des exactions commises par les forces d'occupation marocaines contre les populations sahraouies dans les territoires occupés. Ce long métrage, portant sur la lutte du peuple sahraoui pour son droit à l'autodétermination, produit de cinq années d'enquêtes, tourné en caméra cachée, témoigne avec force détails de “l'impunité prévalant au Sahara occidental, où la vie quotidienne est rythmée par la peur, les humiliations les tortures systématiques et la violation permanente des droits de l'homme.” R. I./APS