L'enlèvement du cardiologue Djellal Nacer par un groupe armé, avant-hier mardi, n'a pas laissé, hier, de place à l'indifférence tant parmi ses confrères, dans la communauté hospitalo-universitaire, que dans sa région ou plus particulièrement à Irahmounène, ce hameau du village Tala Bounane, relevant de la commune de Béni Aïssi, à une quinzaine de kilomètres au sud de la ville de Tizi Ouzou. Si dans le corps médical les commentaires se suivent et se ressemblent sur fond de consternation, de colère et d'inquiétude nourrie par la fameuse question à qui le tour ? À Béni Aïssi, cette commune qui manque de tout sauf d'islamisme armé qui sème chaque jour un peu plus de peur et d'inquiétude, les habitants vivent au rythme d'une situation qui sent le déjà vécu. Une dizaine des 65 kidnappings enregistrés dans la wilaya de Tizi Ouzou est de la région de Béni Douala où la population semble donc être rodée à ce genre de situation. À Béni Aïssi où sévit l'“émir” El-Khachkhache qu'on dit avoir reconnu parmi le groupe qui a enlevé le Dr Djellal avant-hier sur la route de Tala Bounane, à mi-chemin entre la ville de Tizi Ouzou et le chef-lieu communal de Béni Aïssi, force est de constater que l'on ne compte plus sur la contribution de l'Etat à travers ses démembrements sécuritaires pour dénouer ce genre de situation. “L'enlèvement de Mourad Bilek en mai dernier nous a appris à ne compter que sur nous-mêmes, sur la solidarité villageoise ancestrale pour gérer la situation”, nous dira un jeune de la région qui s'était naturellement et viscéralement impliqué dans la mobilisation populaire née autour de Bilek et qui se dit prêt encore aujourd'hui à prendre part à toute action qui sera décidée. En ce sens, la cellule de crise mise sur pied au lendemain de l'enlèvement de Bilek est déjà réactivée depuis mardi matin par les comités de village de la région qui ne cessent de multiplier les réunions à l'effet de décider des actions à entreprendre pour libérer l'otage sain et sauf et sans paiement de rançon aux ravisseurs qui n'ont encore, assurent des proches de la victime, formulé aucune demande de rançon jusqu'à hier en fin d'après-midi. En attendant que la mobilisation prenne une forme concrète, les habitants d'Ath Aïssi continuent d'affluer vers la demeure des Djellal à Irahmounène pour assister la famille et lui témoigner leur solidarité pendant que dans le corps médical, l'enlèvement du Dr Djellal alimente toutes les discussions, qui pour condamner qui pour s'apitoyer qui encore pour exprimer sa crainte d'être le prochain maintenant que les griffes des islamistes armés sont dirigés même vers la communauté de la fonction libérale. Samir LESLOUS