Après les industriels, entrepreneurs et autres commerçants, qui ont constitué jusque-là la cible privilégiée des auteurs des kidnappings dans la wilaya de Tizi Ouzou, voilà qu'à présent même les fonctions libérales ne sont plus épargnées dans cette région qui vient, hier, d'enregistrer son 65e rapt depuis l'apparition de ce phénomène en décembre 2005 sur la route d'Iflissen, dans la région de Tigzirt. La victime n'est, cette fois-ci, ni entrepreneur ni commerçant mais un médecin spécialiste en cardiologie, N. Djellal, âgé d'une cinquantaine d'années et dont le cabinet est situé aux alentours du stade du 1er-novembre de Tizi Ouzou. La victime, qui habite dans la commune de Béni Aïssi, à une quinzaine de kilomètres au sud de la ville de Tizi Ouzou, était, comme à son habitude, en route, 7h à peine passées, vers son lieu de travail lorsqu'en amorçant un des virages de Tala Bounane, un lieu situé à mi-chemin entre Tizi Ouzou et le chef-lieu de Béni Aïssi, il a été intercepté par un groupe d'individus armés, selon des recoupements d'informations, de kalachnikovs et habillés en différents uniformes des services de sécurité. Le véhicule de la victime, qui était en compagnie de ces trois enfants qu'il devait déposer, comme chaque matin, à l'école, a été immédiatement immobilisé par les individus armés qui procédèrent instantanément à la vérification de son identité. Après avoir laissé partir ses enfants, le Dr Djellal a été conduit vers une destination qui demeure toujours inconnue. Son véhicule a été retrouvé abandonné non loin du lieu de l'enlèvement moins d'une heure après que l'alerte eut été donnée par les enfants. L'information n'a pas tardé à faire tout le tour de la région des Ath Douala qui a déjà enregistré au moins huit enlèvements et qui garde encore fraîchement en mémoire le tout dernier d'entre eux, à savoir celui du jeune Mourad Bilek, le 11 mai, qui a passé plus de deux mois entre les mains de ses ravisseurs. La nouvelle s'est à peine répandue que les villageois ont déjà réaffirmé leur détermination à se mobiliser comme cela a été le cas pour Bilek afin d'exiger la libération de ce père de famille très estimé dans la région. Une assemblée de village devait avoir lieu d'ailleurs hier en fin de journée pour décider des actions à entreprendre, a-t-on appris auprès des habitants de cette région, une des plus martyrisées en Kabylie par l'islamisme armé incarné par le sinistre “émir” El-Khachkhache qui n'est autre qu'un enfant de la région. Samir LESLOUS