Des dizaines de citoyens ont occupé de force une vingtaine de logements sociaux en fin de journée, d'hier, à M'liliha, située à 60 km à l'Est de Djelfa. Les contestataires se sont manifestés une heure avant le f'tour en squattant les habitations réalisées depuis des mois. Les éléments de la Gendarmerie nationale, qui sont intervenus sur réquisition du wali de Djelfa, ont longuement négocié avec la population avant de prier les occupants des logements de quitter les lieux. En outre, le siège de l'APC de M'liliha a été occupé, samedi dernier, par des dizaines de jeunes qui ont exprimé leur mécontentement, voire leur colère quant à la gestion de leur village. Les jeunes de M'liliha, désemparés, n'ont pas été empêchés par le jeûne de se révolter contre le P/APC et les autres élus qui, à leurs yeux, font de leur “cité” un “fonds de commerce”. Ces derniers, apprend-on, résident au chef-lieu de la wilaya, et c'est à partir de là qu'ils “gèrent” les “affaires” de l'APC, pendant ce temps, l'ancienne Bordj El-Caïd sombre et ce, depuis des lustres, dans un laisser-aller total. En ce neuvième jour de ramadan, les révoltés du village n'arrivent pas aussi à expliquer le retard dans la distribution du “fameux” couffin et dont le contenu leur est inconnu, certains d'entre eux parlent de produits alimentaires “périmés” alors que d'autres laissent entendre qu'il y aurait des “détournements”. Bref, l'assemblée communale est accusée d'être la source de tous les malheurs du village. “La seule chose qu'ils ont faite, c'est d'acheter des véhicules neufs pour leurs besoins personnels”, lança M'hamed, un jeune protestataire. à propos des élus : “c'est une bande d'ignares qui gèrent la cité”(...)“Le maire n'est pas seulement un analphabète, il n'a jamais connu le chemin de l'école, vu son âge, la fameuse directive de Zerhouni, lui a été favorable pour son choix”, précise M'hamed. En attendant les couffins du ramadan, les habitants de M'liliha s'entraident et mènent même un combat quotidien, durant toute l'année, contre la faim. “Hier, nous avons fait une cotisation de 5 000 DA pour venir en aide à une famille sans ressources qui allait mourir de faim”, lança un vieil homme ému. “ici, nous n'avons pas eu notre indépendance encore”, ajoute-t-il. M'liliha, avec ses 10 000 habitants, ressemble à un village perdu et déserté, les chiens errants et les broussailles emportées par les terribles vents de sable plantent le décor quotidien de la capitale des Ouled Aïfa. Le mois sacré n'a rien changé de cette “désolante” image... En l'absence de cafés maures ou autre lieu de rencontre, les jeûneurs sont obligés de se regrouper chez eux après le f'tour, pour une petite partie de dominos, à condition bien sûr que l'électricité ne fasse pas défaut. Pour se réchauffer, le bois fait l'affaire, surtout pour ceux qui sont dans l'incapacité d'acheter du gaz butane. “L'électricité ou le gaz ne sont plus une priorité pour nous, le plus important est de calmer notre faim...”, nous dira Belgacem. L. G.