Le premier groupe de travail et de recherche sur les effets de la micro-violence dans les écoles algériennes annoncera ses résultats en 2013, a déclaré mercredi, à Oran, le professeur Faouzi Bendridi, lors d'un point de presse conjointement animé avec Yves Mentoya, professeur à l'université de Bordeaux Ségalen et membre de l'Observatoire international de la violence à l'école (Oive). Le groupe d'études, constitué de quatre universitaires-chercheurs, ciblera un échantillon de quelque 2 000 élèves relevant du cycle de l'enseignement moyen. Avec le lancement de la première phase théorique en janvier 2011, les membres du groupe ont porté leur choix sur les wilayas de Souk-Ahras, Annaba, Constantine et El-Bayadh. Un choix qui semble en inadéquation avec l'intensité du phénomène qui fluctue d'une région à une autre du centre et de l'ouest du pays. “La micro-violence, qui frappe une grande partie des écoles algériennes, est synonyme d'incivilité émanant de part et d'autre car résultant de la soumission de l'élève à l'enseignant et de l'irrespect que l'enseignant adopte parfois envers son élève. C'est un concept risqué qui traduit la non-démocratisation de l'école algérienne”, a affirmé, pour sa part, un membre du groupe de recherche. En Algérie, c'est sur la base d'une étude empirique que seront connus les faits à causalité de la micro-violence en milieu scolaire. Depuis plusieurs années, la sonnette d'alarme est donnée en Algérie par les différentes associations d'aide à l'enfance scolarisée victime de violence. Un silence des pouvoirs publics qui ne dit pas son nom puisque des cas d'agression physique sont quotidiennement rapportés par la presse nationale. L'absence des outils de travail bien précis et la question de la mesure qui est posée sont des canevas qu'il faudrait prendre la peine d'explorer. Yves Mentoya préfère parler “d'incivilité en milieu scolaire en France où 10% des élèves se voient être en insécurité”. Toutefois, il met en exergue le traitement médiatique et la sous-estimation des pouvoirs publics qui minorent ce phénomène. S'il est établi que la violence en milieu scolaire en Algérie ne date pas d'hier, en revanche, aucun débat sur le sujet n'a été osé par la communauté éducative. “Il faut s'occuper des micro-violences avant que cela devienne des actes de code pénal”, affirme Yves Mentoya. “À l'heure où s'achève la 5e Conférence mondiale sur la violence à l'école, au moment où des enquêtes d'ampleur sans égal sont publiées notamment en France, et où les pouvoirs publics transforment cette problématique en grande cause nationale, il nous semble indispensable de dresser un bilan sur les nombreuses dimensions que ce sujet interroge”, a souligné le membre de l'Oive. Mais c'est l'idée d'une éventuelle organisation d'assises nationales sur le sujet qui semble faire l'unanimité parmi les parents d'élèves. “Nous sommes partie prenante dans tout débat qui doit intéresser le devenir de nos enfants scolarisés.” Une vision que ne semble par partager le ministère de tutelle qui semble favoriser l'aspect sécuritaire eu égard au projet de recrutement de 10 000 surveillants d'école qui est actuellement à l'étude au gouvernement. Quoi qu'il en soit, de nombreux spécialistes de la question n'en continuent pas moins de croire que la problématique de la micro-violence en milieu scolaire nécessite un traitement social et politique. K. REGUIEG-ISSAAD