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Souffles…
L'aube de la raison
Publié dans Liberté le 17 - 11 - 2011

Il s'appelait Assaâd Chidyaq, et ce nom ne vous dit rien. Absolument rien. Un Libanais inconnu, fils d'une famille maronite d'intellectuels. Et pourtant c'était lui, c'est par son histoire tragique, son sang versé dans une abbaye au sud du Liban qu'il a déclenché, un siècle auparavant, le débat autour de la liberté de la foi, la liberté de la pensée, la liberté individuelle. Pour vous rafraîchir un petit peu la mémoire, cet Assaâd Chidyaq (1797–1830) n'est que le frère aîné de Faris Shidyaq (1804-1887), écrivain libre et libertin, auteur d'un exceptionnel livre intitulé La jambe sur la jambe, traduit en français et réédité en 1991 chez les éditions Phébus (je vous le conseille). Assaâd Chidyaq était né chrétien catholique. Avec le temps, il s'est trouvé séduit par le courant du protestantisme implanté dans bilad Sham, dès 1830. Ce changement dans sa foi, sa liberté de voir Dieu, n'a pas été accepté par l'église catholique libanaise. Assaâd fut enlevé par le patriarche maronite Youssef Hobeiche (1823–1845) et emprisonné dans une abbaye. Il restera dans sa prison religieuse pendant deux ans. Il mourut assassiné dans sa cellule religieuse. Dans la maison de Dieu ! Sa mort a déclenché un débat autour des questions fondamentales : la liberté d'opinion, la liberté individuelle, la liberté de la foi. En 1860, la publication d'un livre qui a dévoilé la tragédie d'Assaâd, intitulé Histoire d'Assaâd Schidyak (Kissat Assaâd Al Shidyak) a fait le tour des cercles intellectuels, religieux et politiques. Cette histoire, ce livre, a contaminé toute la région, interpellé toute la pensée religieuse, politique et morale dans la région. Quelque chose a basculé ! En 1882, un ensemble d'étudiants libanais a appelé à une grève pour faire face au limogeage d'un enseignant qui a osé parler de la théorie de Darwin dans la cour religieuse protestante. L'étudiant qui a conduit cette grève, celui qui fut à la tête des protestataires contre le protestantisme, n'était autre que le célèbre écrivain libanais Georgi Zidane (1861-1914). Farouche, aventurier et critique face à une église obscurantiste, il s'est trouvé obligé de quitter son pays vers l'égypte. Dans son pays d'exil, il créa Al-Hilal, l'établissement culturel et informatique le plus prestigieux d'égypte. Visible encore de nos jours, il s'agit d'une institution culturelle et une maison d'édition qui ont fortement marqué la renaissance arabe. L'affaire du limogeage de l'enseignant a provoqué un débat central autour du rapport entre la science et la religion.
Une bombe a explosé ! Et pour la première fois, ce débat dépasse les cercles chrétiens d'Orient pour s'imposer dans les cercles des intellectuels islamiques. La contamination ! Dans les années vingt, en 1924, la Turquie de Kamel Atatürk, héritier d'un pays non loin du monde arabo-musulman dont il fut le colonisateur pendant plus de trois siècles, va élargir le débat vers un autre horizon : la politique et l'état. Ainsi le débat autour de la séparation de la religion de l'état a commencé. Déflagration, l'Histoire n'est pas aveugle ! Un an après, en 1925, Cheikh Ali Abderrazek (1888-1966), fils de la cour d'El-Azhar, Vatican musulman, publie son livre scandale, phare, titré L'islam et les fondements du pouvoir.
Dans ce livre et dans un discours islamo-historique chrial, le Cheikh défend une idée centrale : le califat n'a rien de religion, la politique est dounya et la religion est dine. Ainsi, le conflit entre le cousin et gendre du Prophète Mohammed (QSSSL) Ali Ibn Abi Taleb et Mouawiyya Ibn Abi Soufyane ne relève pas du religieux mais plutôt de la politique, de la lutte pour le pouvoir. Appel à la réflexion autour de la séparation des pouvoirs : religieux et politiques. Un an après, en 1926, Taha Hussein (1889-1973), doyen de la littérature arabe, publie son livre Dans la poésie antéislamique (Fi achchiër al Jahili). Ce livre lui a coûté son poste à l'université. Si Georgi Zidan a condamné le silence assassin des institutions religieuses chrétiennes et Ali Abderrazak a tiré le débat vers le milieu socio-islamique, Taha Hussein, dans Dans la poésie antéislamique et avec un discours historico-littéraire, va bousculer le champ épistémologique et linguistique. Il posa une bombe nommée : le cogito de Descartes dans la pensée arabo-musulmane. Ainsi, chez Taha Hussein, la foi est questionnée, auditionnée ! Le doute. Taha Hussein appelle à la séparation de la foi et de l'institution religieuse. La foi constitue un rapport intime, individuel, paraphé entre Dieu et l'individu. Par contre, l'institution religieuse est un établissement idéo-politique et temporaire. Par conséquent, cette dernière est passable à la critique et à la différence. En 1945, le penseur rationaliste Abderrahmane Badaoui (1917- 2001) publie un livre intitulé De l'histoire de l'apostasie en islam, où il développe un discours savant sur l'histoire de l'islam qui a toujours cohabité avec l'hérésie. Le livre rappelle, surtout aux nouveaux salafistes, que la pensée de la différence et de l'opposition a toujours existé. Et que cette pensée d'apostasie, dans la terre d'islam, fut une partie intégrante de la civilisation musulmane.
A. Z.
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