Le conseiller scientifique du président Saddam Hussein qui s'est rendu, samedi, à Bagdad, aux forces américaines, a prononcé une phrase sans doute sincère. “Je vous le dis pour l'Histoire : nous n'avons rien (parlons des armes de destruction massive), et ce n'est pas défendre le régime”, a déclaré le général Amer Assaâdi à la télévision allemande ZDF. Les médias anglo-saxons ont insisté sur la reddition de ce haut responsable du régime irakien mais ils ont ignoré ses déclarations, révélatrices pourtant de la guerre injuste faite contre l'Irak. Les Etats-Unis, locomotive du train d'agression, n'ont-ils pas attaqué ce pays sous prétexte qu'il détenait des armes de destruction massive ? Amer Assaâdi, élu général par Saddam (il le dit lui-même à ZDF), ne devrait logiquement avoir aucune raison de mentir ; le dictateur étant vaincu, il n'a plus rien à craindre. Du reste, ce qu'il affirme confirme la thèse des chefs des inspecteurs onusiens, Hans Blix et Mohamed Al-Baradei, à savoir que Bagdad ne dispose vraiment pas de ces armes chimiques, biologiques et nucléaires. Et ce scientifique émérite était justement chargé des relations avec Blix et Al-Baradei. Le conseiller scientifique de Saddam Hussein a en tout cas préféré se rendre à la coalition parce que se sentant coupable de rien. Il a précisé à la journaliste de ZDF (ils l'ont accompagné dans son opération de reddition à sa demande, “pour des raisons de sécurité”, a-t-il souligné) qu'il n'était membre ni du parti Baâth ni des services de renseignements irakiens. Marié à une Allemande, Assaâdi est donc monté dans une voiture de l'équipe de ZDF, assis à côté de la journaliste qui l'interviewait, jusqu'à l'avenue Abou-Nouas où l'attendaient des soldats américains. Ces derniers l'invitèrent à monter avec sa femme s'il le souhaitait mais il a préféré partir seul. Le 5 février dernier, le secrétaire d'Etat américain, Colin Powell lui avait reproché, lors de son intervention devant le Conseil de sécurité, de l'Onu, de tromper Blix et Al-Baradei. Il est tout de même intéressant de noter que les chefs des inspecteurs onusiens n'avaient rien dit de tel ! Amer Assaâdi figure sur la liste des dirigeants irakiens recherchés “morts ou vifs” par l'administration américaine. Vendredi, le général Vincent Brooks, des forces US installées à Qatar, avait présenté un jeu de cartes aux noms et photos de ces dirigeants. L. B.