Ces entreprises étaient poursuivies pour quatre chefs d'inculpation et il n'a été retenu contre elles que deux. Retournement de situation qui surprend la défense des 16 accusés dans cette affaire. L'affaire de l'autoroute Est-Ouest va de rebondissement en rebondissement, impliquant certains et disculpant d'autres pour certains chefs d'accusation. Pour comprendre, il faut revenir au 16 juillet dernier. La chambre d'accusation près de la cour d'Alger avait demandé, ce jour-là, un complément d'enquête au juge d'instruction pour réparer le terrain à l'inculpation de cinq sociétés étrangères considérées comme liées à cette affaire, pour association de malfaiteurs, blanchiment d'argent, corruption et trafic d'influence. Mercredi dernier, cette même chambre d'accusation, qui a rendu son délibéré concernant cette affaire, a décidé de l'envoyer devant le tribunal criminel, tout en accordant un non-lieu partiel pour la coloration criminelle pour les cinq sociétés étrangères en question. En d'autres termes, il n'a été retenu contre elles que les délits de corruption et trafic d'influence. Il s'agit de la société portugaise COBA et la canadienne SMI Internationale qui ont signé un contrat de prestation dans le segment des travaux publics avec l'entreprise d'un des inculpés Addou Sidi Ahmed Tedjeddine, à ne pas confondre avec l'autre Addou son cousin mis en liberté provisoire récemment et qui aurait joué, selon l'instruction, le rôle d'intermédiaire pour le compte du ministre Amar Ghoul avec notamment des entrepreneurs français. Les trois autres sociétés sont l'espagnole Isolux Carsan, la suisse Carventa, et enfin la société Pizzaroti, dans le domaine des transports. La défense des accusés ne comprend pas la décision de la chambre criminelle qui d'un côté a jugé qu'il n'avait pas lieu de retenir les chefs d'inculpation d'association de malfaiteurs et de blanchiment d'argent pour ces cinq sociétés, tout en envoyant cette affaire devant le tribunal criminel. L'un des avocats nous explique : “Il ne peut pas y avoir d'association de malfaiteurs pour un projet d'intérêt général. Car, selon certaines articles du code pénal, il faut une planification à l'avance pour exécuter un acte criminel et non une transaction”. Pour la défense, tout le dossier repose sur des propos tenus par des prévenus contre d'autres sans reposer sur des preuves. “Cela ne tient pas la route, il y a pas de préjudice, ni partie civile, sauf un des inculpés”, ajoute notre interlocuteur. En l'occurrence, Mohamed Khelladi, ex-directeur de l'Agence nationale des autoroutes. En effet, quelques mois après l'éclatement de l'affaire, soit juste après les accusations de Khelladi à son encontre, le ministre des Travaux publics dépose une plainte contre lui en tant que directeur de l'ANA. M. Khelladi passe ainsi du statut du témoin à celui d'inculpé. Nissa Hammadi