Le réseau composé de douze individus utilisait de belles femmes et des voitures haut de gamme pour opérer. Des sommes colossales en dinars algériens, en dirhams, en euros, en dollars US, en monnaies d'Amérique latine, d'Europe de l'Est et asiatiques, non encore estimées, ont été écoulées dans la contrebande. Une filière internationale spécialisée dans la fausse monnaie a été démantelée, en fin de semaine, par les éléments de la SRGN (Section de recherche de la Gendarmerie nationale) d'Alger. Selon les résultats de l'enquête, ce réseau, qui visait par ailleurs l'axe de la contrebande à la frontière algéro-marocaine, était basé dans sept wilayas du pays. Depuis Alger jusqu'à Maghnia, ce gang fabriquait toutes les monnaies du monde en utilisant un matériel hypersophistiqué. Le cerveau du réseau recourait aux belles femmes pour impressionner les clients et pour tromper la vigilance des services de sécurité dans les points de contrôle. Ils roulaient à bord de voitures haut de gamme, dont des Touareg, afin de se faire passer pour des familles aisées. Selon notre source, plusieurs opérations de troc ont été effectuées, et ce, en échangeant des sommes allant de 90 à 100 millions de centimes en fausse monnaie contre 25 à 30 millions de centimes en vrais billets de banque. Un mode opératoire actuellement en vogue et qui consiste à faire écouler des sommes colossales sur le marché informel sans se faire attraper. Lors d'une perquisition de domicile opérée dans la capitale, les gendarmes sont tombés sur une somme de 82 millions de centimes en fausses coupures et prêtes à être transférées. Les convoyeurs, eux, assuraient la liaison directe avec des barons de la contrebande qui, à leur tour, répartissent des liasses de billets à leurs sbires. L'argent sale écoulé est généralement blanchi dans le carburant, les vêtements, l'agroalimentaire et le trafic de stupéfiants à la frontière algéro-marocaine, où une vive tension règne actuellement en raison de l'insécurité croissante. D'ailleurs, les éléments de la SRGN ont dû effectuer plusieurs extensions de compétence pour anéantir cette filière aux multiples ramifications. Surtout que le trafic de faux billets est mêlé au sexe et à la contrebande sur une frontière minée par le cannabis et tous genres de trafics. C'est que le premier mis en cause arrêté a été surpris en flagrant délit d'échanger des euros à la gare routière du Caroubier d'Alger avec un taux de change des plus bas sur le marché de la devise. Lors de son arrestation, 77 millions de centimes ont été récupérés, en plus des monnaies européenne et arabes. Selon ses aveux, cette somme appartient à un individu originaire d'Oran qui lui a été présenté par son complice à Saïda. Leur première rencontre remonte à plusieurs mois dans la ville de Tiaret. L'enquête diligentée par la SRGN aboutira à l'arrestation de cet individu à Saïda en possession de 80 millions de centimes qu'il venait de récupérer à Maghnia (Tlemcen). Mais la pègre possède des ramifications à El-Hamri (Oran) où le principal mis en cause a été également arrêté en compagnie d'une belle femme au moment où ils s'apprêtaient à convoyer l'argent imité. Leurs complices, trois autres individus, les attendaient pour acheminer des devises vers le Maroc où ils bénéficient de grandes complicités. Cette découverte permettra aux enquêteurs de la SRGN de situer ainsi la traçabilité de l'argent contrefait et comment les éléments du gang procédaient à son blanchiment aux frontières et au Maroc. En ce sens, la perquisition des domiciles des mis en cause, originaires de l'Ouest, a permis aux gendarmes de récupérer toute la logistique avec laquelle les faussaires fabriquaient les faux billets. L'un des cerveaux du groupe circulait également avec une fausse identité, un véhicule trafiqué et faisait l'objet de 5 mandats d'arrêt. Dénoncé par ses acolytes, ce dernier sera finalement arrêté à Tlemcen alors qu'il venait d'écouler 90 millions de centimes en faux billets contre 30 millions de centimes en véritable monnaie. Selon lui, il touchait 5 millions après chaque transaction. Ces 12 individus ont également bénéficié de l'expérience des immigrés clandestins originaires d'Afrique qui leur fournissaient les techniques de fabrication, en plus des produits chimiques qu'ils leur procuraient au Maroc. Ces Africains les aidaient également à blanchir la fausse monnaie dans les réseaux spécialisés dans le trafic de carburant. Suite à quoi, 4 autres individus ont été appréhendés à Maghnia et à Mascara au moment où ils venaient de vendre 90 millions de centimes à des contrebandiers non identifiés. Au total, 12 individus arrêtés, saisie de faux billets de banque en dinars algériens, en dirhams, en euros, en dollars, en monnaies d'Amérique latine, d'Europe de l'Est et asiatiques ainsi que des stations informatiques. Présentées devant la justice, les douze personnes ont été placées sous mandat de dépôt. FARID BELGACEM