Alors que l'ultimatum de la Ligue arabe expirait samedi à minuit, le président syrien Bachar al-Assad a choisi de s'exprimer dans l'hebdomadaire britannique The Sunday Times pour y opposer une fin de non-recevoir, avant le rejet des modifications qu'il a apportées au plan de paix arabe hier. La Ligue arabe a rejeté, hier, la demande de Damas d'amender une proposition d'envoyer en Syrie une délégation de 500 observateurs, estimant qu'elle dénaturait le projet. Ces modifications “affectent le cœur” du projet et “changeraient radicalement la nature de la mission, qui consiste à superviser la mise en œuvre du plan arabe pour mettre fin à la crise en Syrie et protéger les civils syriens”, a déclaré l'institution panarabe dans un communiqué. “La Ligue est résolue à résoudre la crise syrienne dans un cadre arabe, afin de mettre fin à la violence et aux meurtres et de répondre aux ambitions du peuple syrien pour le changement et les réformes politiques et économiques”, a ajouté la même source. Ce refus intervient au lendemain d'une interview du dirigeant syrien, dans laquelle il a affirmé que son pays “ne s'inclinera pas” dans l'éventualité d'une intervention étrangère accusant la Ligue arabe de l'avoir favorisée par son attitude. Se disant tout à fait prêt à combattre et à mourir s'il devait affronter des forces étrangères, il a déclaré que son “rôle est dans l'action, pas dans des discours ou du chagrin”. “La seule solution pour épargner plus de sang est de chercher les gens armés, de chasser les bandes armées, d'empêcher l'entrée d'armes et de munitions depuis des pays voisins, d'empêcher le sabotage et de faire régner la loi et l'ordre”, a-t-il ajouté, insensible aux événements et sourd à tous les appels et à toutes les pressions. “Le conflit continuera et la pression pour assujettir la Syrie continuera”, mais “la Syrie ne s'inclinera pas”, a-t-il martelé. Pointant du doigt la Ligue arabe qui a suspendu la Syrie et fixé un ultimatum au président syrien pour arrêter la répression, il a affirmé que “cet ultimatum a été fait pour fournir aux pays occidentaux un prétexte pour mener une intervention militaire contre la Syrie”. Les violences n'ont toujours pas cessé, et 17 morts, dont 11 civils, ont été enregistrés samedi, à quelques heures de l'expiration de l'ultimatum. L'opposition reste mobilisée et l'armée dissidente, composée de quelques milliers d'hommes, multiplie les actions contre l'armée régulière, les services de sécurité et le parti Baas. Washington et les capitales occidentales, mais pas seulement, estiment que la guerre civile est désormais inévitable en Syrie. La Russie, soutien indéfectible du régime syrien, qui s'est dressée contre toute possibilité de résolution de l'ONU, pourrait fléchir sa position, de l'aveu même de Vladimir Poutine, l'homme fort du pays. Ankara hausse le ton et affiche publiquement son soutien à l'opposition. Bachar al-Assad est plus que jamais isolé, mais il ne semble pas se rendre compte que l'étau se resserre sur lui et que son entêtement le conduit droit au mur. Certes, l'éventualité d'une intervention militaire occidentale n'est pas à l'ordre du jour, mais l'opposition armée pourrait bénéficier dans les jours qui viennent de soutiens logistiques importants. à signaler que les ministres arabes des Affaires étrangères doivent tenir jeudi une nouvelle rencontre pour examiner la situation en Syrie, a annoncé hier à la presse le secrétaire général adjoint de l'organisation, Ahmed Ben Helli. M. A. Boumendil