Après plus de neuf jours de grève, le président-directeur général de l'entreprise GTP (Grands travaux pétroliers) s'est résigné à se déplacer à Hassi-Messaoud pour tenter d'amorcer un dialogue avec les travailleurs grévistes. Le premier responsable, accompagné de plusieurs cadres de l'entreprise, a organisé, dans la soirée d'avant-hier, une réunion de travail au siège de la direction régionale de GTP de Hassi-Messaoud avant d'entamer, hier matin, une série de visites dans les chantiers paralysés. Mais, l'absence du syndicat d'entreprise, qui, selon son secrétaire général, M. Seffoud Saci, n'a pas été associé à cette initiative, a lourdement pesé dans l'échec de ses premiers contacts, puisque les travailleurs ont refusé de déléguer des représentants pour parler aux délégués du P-DG, à savoir le directeur des ressources humaines (DRH) et le directeur de la maintenance industrielle (DMI). Les travailleurs ont tout simplement invité leurs interlocuteurs à dialoguer avec leur syndicat d'entreprise, “seul représentant légitime des travailleurs”, nous a indiqué, hier, une source syndicale à partir de la base GTP de Hassi-Messaoud. Selon les mêmes sources, les travailleurs ont opposé une fin de non-recevoir à la décision du P-DG de leur octroyer 6 mois de rappel sur l'indemnité liée aux conditions de vie et de zone (IZCV) au lieu de 15 mois comme l'exigent les protestataires et comme c'est souligné dans la plate-forme de revendications remise jeudi au P-DG par le syndicat d'entreprise. Joint par téléphone, M. Seffoud, secrétaire général du syndicat d'entreprise GTP, dit “regretter la démarche unilatérale du P-DG”. Et d'ajouter : “Nous avons demandé au P-DG de satisfaire au moins les deux premiers points de la plate-forme de revendications comprenant sept points et qui concernent les rappels de l'IZCV et l'augmentation des 30% sur salaire, mais sans solution”, a-t-il précisé. Le P-DG aurait motivé son refus par l'incapacité financière de l'entreprise de satisfaire ces deux points. Mais les syndicalistes reprochent à leur P-DG de ne pas avoir agi à temps pour calmer la situation et d'avoir marginalisé le syndicat dans ses démarches unilatérales. “Les pertes de l'entreprise et de ses partenaires se chiffrent par milliards, soit plus que les 30% de salaires et les rappels des indemnités réclamés”, ajoute M. Seffoud, qui se dit “toujours ouvert au dialogue et à la concertation”. Notre interlocuteur a affirmé avoir informé les représentants de la compagnie de Sonatrach de cette situation ainsi que la Fédération des pétroliers. Par ailleurs, la grève commence à irriter les responsables de Sonatrach dont plusieurs chantiers restent encore paralysés comme celui du Gaz GPL Gassi Touil, à l'arrêt depuis une semaine, ou encore celui de Tigantourine, géré en partenariat avec la compagnie anglaise BP. Plusieurs autres chantiers de Sonatrach, en partenariat avec l'entreprise américaine Anadarko ou des entreprises japonaises comme JJC, sont aussi affectés par ce débrayage. À noter que la Fédération des pétroliers, qui soutient le syndicat d'entreprise et les travailleurs, a reproché au P-DG son manque d'initiative et de dialogue avec le partenaire social. Cette réaction du puissant syndicat des pétroliers intervient au moment où des messages de soutien aux travailleurs et à leur syndicat continuent d'affluer à Réghaïa (siège central de GTP) exprimant leur solidarité avec les travailleurs de GTP et leurs représentants. Après l'union de wilaya de Ouargla, c'est l'union de wilaya UGTA d'Illizi qui a transmis, hier au syndicat d'entreprise, “son soutien et sa solidarité”. M. T.