À l'appel de la Fédération nationale des travailleurs en retraite (FNTR), affiliée à l'UGTA, une marche des retraités a rassemblé, hier à Tizi Ouzou, des milliers de personnes du troisième âge, venues clamer et réclamer haut et fort leurs droits “bafoués”. La marche s'est étirée du siège de l'union de wilaya de Tizi Ouzou jusqu'au siège de la wilaya où les manifestants ont exhibé de nombreuses banderoles où on pouvait lire notamment : “nous ne demandons pas l'aumône”, tout en criant : “non à la misère”, “nous voulons nos droits”, “arrêtez de nous faire rêver”. Les nombreux retraités, qui, pour la plupart, sont venus de divers villages de Kabylie, étaient visiblement indignés par leur “situation de maltraités”, dira un manifestant. Dans la foule, aâmi Ali, un cadre à la retraite, vit avec une misérable retraite de 14 000 DA. Avec cinq enfants à charge, il ne cache pas son désarroi. “C'est une honte. La vie est chère. Regardez le prix des fruits et légumes. J'ai des factures de gaz et d'électricité à payer, des médicaments à acheter et cinq bouches à nourrir.” Aâmi Ali ne continuera pas ses propos, car il éclate en sanglots. De sa poche, il sort un mouchoir pour essuyer ses yeux larmoyants. Dans la foule, un autre retraité dira : “Ancien cadre de l'Eniem, retraité depuis 2003, je perçois à peine 12 000 DA. Il y a eu des augmentations salariales importantes pour les douanes, les imams..., mais rien pour les retraités.” Devant la wilaya, les retraités ont observé un sit-in, suivi d'une lecture de revendications, dont une copie a été remise au wali. Dans ce courrier, les manifestants ont demandé au premier magistrat de la wilaya de bien vouloir être leur intermédiaire auprès des pouvoirs publics, notamment auprès des représentants de la tripartite “qui n'ont même pas débattu de la situation des retraités qui ont investi tous leurs espoirs dans cette rencontre”. Dans le même document, il est aussi mentionné : “au lieu de mesures concrètes répondant à toutes nos attentes, nous avons eu droit à la désignation d'une commission chargée d'étudier les moyens de financement d'une éventuelle augmentation. On invoque plutôt la solidarité gouvernementale comme s'il s'agissait de leur faire l'aumône, alors qu'en tant que citoyens à part entière, nous ouvrons droit à notre part des richesses nationales, au même titre que les autres catégories sociales. Nous sommes une génération qui a jeté les premières bases de développement de l'Algérie post-indépendance et qui a su relevé le défi après le départ massif des travailleurs et cadres français d'Algérie.” Les retraités en colère regrettent, enfin, les vagues promesses d'augmentation de 40% sans aucune précision ni date d'effet, ni de modalités d'application et de calcul. Par ailleurs, le FFS a également porté son soutien aux retraités à travers un communiqué rendu public hier à Tizi Ouzou. “Après avoir accompli des années de dur labeur et aspiré à un repos bien mérité, les travailleurs en retraite se trouvent totalement exclus des débats de la ‘‘tri(mono) partite''. Gavée de promesses jamais tenues, cette frange de la société algérienne, écartée des préoccupations salariales, continue de vivre dans la précarité, le mépris et la désillusion”, peut-on lire dans le communiqué du FFS qui “condamne fermement ce déni d'un droit élémentaire” et “exige des pouvoirs publics de mettre fin aux disparités existantes en matière de salaires, de pensions et d'allocations de retraite et appelle l'ensemble des travailleurs et des retraités à rester solidaires et vigilants”. Enfin, il est à noter que les retraités de Tizi Ouzou revendiquent la valorisation des retraites à hauteur de 40% ainsi que l'alignement du minimum de retraite à 100% du SNMG et l'exonération de l'IRG des pensions de retraite inférieures à 40 000 DA. Kocila Tighilt