Réunis jeudi dernier en Conseil des ministres des Affaires étrangères, les chefs de la diplomatie européenne – qui se rassembleront bientôt à 28 en incluant prochainement la Croatie – ont décidé de renforcer les mesures restrictives à l'encontre du régime syrien “afin de mettre à mal sa capacité à poursuivre la répression implacable” qui a déjà occasionné, selon l'ONU, des milliers de victimes. Ainsi, la diplomatie européenne a ajouté à ses listes antérieures un gel des avoirs et une interdiction de visa à douze nouveaux responsables de violations des droits de l'homme et à onze entités qui soutiennent le régime syrien. Désormais, les échanges d'obligations de l'état syrien et la fourniture de services d'assurance et de réassurance au gouvernement de Damas seront aussi interdits sur le territoire européen. Les banques syriennes ne seront plus habilitées à ouvrir de nouvelles agences ni à établir de nouvelles coentreprises ou à nouer des relations de correspondant bancaire avec des établissements financiers européens. Hormis à des fins humanitaires, le Conseil des ministres a également mis un terme aux nouveaux engagements en vue d'obtenir des états membres de l'Union européenne des subventions ou des prêts concessionnels au gouvernement syrien. Le nouveau “tour de vis” interdit aussi les exportations d'équipements et de technologies aux secteurs pétrolier et gazier en touchant ainsi tout ce qui concerne le raffinage, la liquéfaction du gaz, l'exploration et la production des produits pétroliers. Cette interdiction s'étend à l'assistance technique et concerne aussi le financement de projets ainsi que les investissements dans des entreprises exerçant ces activités de construction. Enfin, les exportations d'équipements et de logiciels destinés à la surveillance d'internet et des communications téléphoniques effectuée par Damas seront également interdites. Par ailleurs, un des experts de la commission internationale d'enquête sur la Syrie mandaté par l'ONU a indiqué hier que les forces de sécurité avaient tué 56 enfants pour le seul mois de novembre, “le plus mortel” depuis le début des violences dans ce pays en mars. “Selon des sources dignes de foi, à ce jour 307 enfants ont été tués par les forces de l'ordre. Novembre a été le mois le plus mortel avec 56 enfants tués”, a déclaré Paulo Pinheiro, de la commission internationale d'enquête mandatée par le Conseil lors de la session spéciale du Conseil des droits de l'homme (CDH) de l'ONU sur la situation des droits de l'homme en Syrie. Les experts ont parlé à 223 victimes, témoins et déserteurs de l'armée syrienne entre les mois de septembre et novembre. M. Pinheiro a indiqué avoir compilé des preuves solides montrant que des enfants figuraient parmi les victimes de torture et de meurtres attribués aux forces de sécurité syriennes. L'ONU estime que 4000 personnes ont été tuées dans la répression sanglante depuis mars, le haut-commissaire pour les droits de l'homme, Mme Navi Pillay, avertissant que le pays se trouve “au bord de la guerre civile”. Arezki MOKRANE