Résumé : Hakima se réveille à l'aube. Elle n'avait pu trouver un semblant de sommeil que tardivement. Le petit matin s'annonçait radieux. Elle repense à tous les événements récents et se met à méditer sur son sort… Seul un test ADN effacera tous ses doutes. Sa mère vint la rejoindre. Cette dernière voulait tout connaître sur sa fille. Elles rirent : - Franchement, ce jeune homme me plaît beaucoup. Il semble si sérieux, si franc. Je suis heureuse d'apprendre qu'il s'intéresse à toi. Hakima préféra garder le silence. Pour l'instant, elle ne voulait imaginer aucune suite. Si cette famille n'était pas la sienne, elle repoussera encore une fois la demande en mariage de Faouzi. Le petit-déjeuner se déroula dans une ambiance bon enfant. Hakima se détendit et joua avec son neveu, tandis que son frère Kamel prenait la petite Maissa dans ses bras. Naïma leur versa du thé, et Hakima apprécia la galette chaude et croustillante que sa belle-sœur avait préparée spécialement pour elle. Kamel se leva et alla déposer sa fille dans son lit, tandis que Naïma se mit à débarrasser la table. Hakima se retrouva encore une fois seule auprès de sa mère. Enfin… Comme cette dernière se considérait déjà comme telle, la jeune fille finit par s'y faire. Elles se sourirent, et la vieille femme lui prend le bras : - Je n'aimerais pas raviver de vieilles blessures, mais j'aimerais savoir comment tu as vécu dans cet orphelinat ? Hakima déglutit difficilement. L'orphelinat ! Ah ! Cela fait des années qu'elle n'y avait plus remis les pieds. Elle repense à ces années qu'elle avait passées dans cette institution, et soudain l'image de Nafissa se dressa devant elle. - Si cela est trop pénible pour toi, n'en parle pas. La voix de la femme la tira de ses méditations. Hakima se reprend : - Oh non ! Je… je repensais juste à cette étape de ma vie. C'était… Comment pourrais-je te décrire ça ? Heu… Je n'aime pas tellement le mot ‘institution'. Pour moi et les filles qui y vivaient, c'était notre maison. Nous n'avions pas d'autre endroit où aller. Même si ces lieux étaient d'une froideur inimaginable. Nous étions des orphelines. Nous n'avions ni parents ni personne d'autre vers qui nous tourner. - Tu as dû souffrir de cette situation. Enfant, adolescente et même adulte… Hakima hoche la tête : - Il y avait bien pire que moi. Elle repense à Houria… Mais que devient-elle donc ? - Je peux m'estimer heureuse d'avoir eu une maman qui venait tous les jours me rendre visite et me ramenait un tas de choses. - Une maman ? - Oui… Enfin… une femme charitable… Une femme qui portait en elle tous les malheurs du monde, mais qui avait un cœur aussi grand que l'univers. Elle s'appelait Nafissa… C'est grâce à sa générosité et à son affection que j'ai pu entamer un processus scolaire et faire des études supérieures. La vieille femme égrenait son chapelet : - Cette femme, tu la contactes encore ? Hakima secoue sa tête : - Elle n'est plus de ce monde. - Que Dieu ait son âme. Tu semble triste à son évocation, cela prouve ton attachement à elle. Hakima laisse échapper un flot de larmes : - Je ne sais pas ce que je serais devenue sans elle. Elle a su me donner tant… Sa mère lui tapote la main : - Nos actes sont toujours récompensés ma fille. Si ce n'est pas dans ce monde, c'est dans l'autre. Hakima renifle : - J'étais avec elle, lorsque l'accident s'est produit. - L'accident ?! Quel accident ? La jeune fille essuie ses yeux et reprend d'une petite voix : - Je vais tout te raconter. Cela s'est passé un jour où je devais passer le week-end chez elle. Elle m'y invitait souvent, et ce jour-là… La jeune fille revoyait toute la scène devant ses yeux. Elle revoyait la grande maison, la bibliothèque, l'escabeau sur lequel elle était juchée, l'homme aux yeux globuleux qui voulait abuser d'elle sans vergogne, et la décision que Nafissa avait prise d'abandonner maison et biens afin de la protéger… Puis il y avait eu cette voiture venant à toute allure en sens inverse… Le fracas des tôles métalliques qui s'entrechoquent, le sang, l'odeur de l'éther à l'hôpital… Et puis aussi, il y avait ce petit enfant qui revenait de très loin… Ce petit orphelin… Une autre victime des aléas de la vie. Lui au moins avait connu ses parents, et ses grands-parents s'étaient chargés de son éducation… Que devient-il donc celui-là aussi ? Elle ferait mieux de demander à Faouzi d'entreprendre une autre enquête à ce sujet. Elle ébauche un sourire triste… Ah la vie ! Elle ne fait pas toujours de cadeau. (À suivre) Y. H.