La biotechnologie s'annonce comme une véritable révolution dans le traitement de certaines maladies, jusqu'alors incurables ou difficilement prises en charge par un plan thérapeutique classique. En juin dernier, des firmes pharmaceutiques américaines se sont engagées, par un protocole d'accord signé avec le ministère de la Santé, de la Population et de la Réforme hospitalière, à créer, dans la ville nouvelle de Sidi-Abdallah, un pôle international de biotechnologie, c'est-à-dire de technologies de pointe qui exploitent des processus cellulaires ou moléculaires d'un organisme vivant pour fabriquer des molécules. Le projet est ambitieux. Le pays est-il outillé pour le réaliser en une dizaine d'années ? C'est autour de ce point que l'Institut Pasteur d'Algérie et la société de communication spécialisée dans la santé DZ-Link ont articulé le premier forum international de biopharmacie, de recherche en biotechnologie médicale, qui a eu lieu hier au siège de l'IPA à Dély-Ibrahim. Pour le Pr Mohamed Tazir, directeur général de l'IPA, la rencontre est pensée “comme une sorte de premier état des lieux de nos capacités à entrer dans la course de l'économie de savoir”. Il a soutenu qu'il “paraît incontournable de nous appuyer sur un partenariat public et privé gagnant-gagnant avec comme objectif prioritaire la création d'un cluster Biotech local, qui mutualisera le plus grand nombre de compétences disponibles”. Le Dr Yahia Chebloune, directeur de recherche Labo UMR5163 au CNRS (université de Grenoble), l'Algérie ne doit nullement attendre de régler les multiples dysfonctionnements de son système de santé pour investir dans la biotechnologie. “Il faut régler les carences là où elles existent, sans s'en limiter. Si le pays n'investit pas maintenant dans le domaine des biotechnologies, il accusera un retard qui sera difficile à rattraper”, a-t-il expliqué. Il a ajouté qu'il faudrait démarrer par la formation de personnels spécialisés dans la manipulation de matériels hautement sophistiqués et la coopération internationale. “L'impact immédiat de la création d'un pôle de biotechnologie est la fabrication de vaccins. Ce qui permettra à l'Algérie de s'affranchir de l'importation. Par ailleurs, des anticorps spécialisés dans la détection de certaines maladies ont une durée de vie courte. Cela pose problème si l'on doit les importer. Il sera mieux de les produire localement”, a poursuivi notre interlocuteur. Salim Bouguermouh, chercheur au Singapour MIT Alliance for research and technologie, a exposé le modèle singapourien comme exemple d'un pays (il a obtenu son indépendance en 1965 et ne possède pratiquement pas de ressources naturelles) qui a démarré de rien pour devenir l'un des plus développés, au monde et qui enregistre la croissance la plus rapide. Son secret ! “Construire une économie basée sur l'innovation et la création de savoir. L'un des piliers de cette économie est représenté par le développement des biotechnologies, entre autres grâce à la création de bio-clusters”, a-t-il rapporté. Pour ce chercheur, qui a accompli ses études universitaires en Algérie avant de soutenir une thèse de doctorat au Canada puis entreprendre un projet de recherche à Singapour, “l'Algérie doit s'appuyer sur ce qui existe d'abord et se concentrer sur la demande et les priorités en santé et en biotechnologie”. Pour l'heure, le pays est juste consommateur de produits issus de la biotechnologie. Depuis 2007, les Algériens, souffrant de maladies graves comme les cancers, le sida ou certaines pathologies génétiques et traitées en milieux hospitaliers, bénéficient de traitements grâce à une procédure réglementaire mise en place pour permettre aux médicaments non enregistrés d'être importés dans le cadre d'autorisation temporaire d'utilisation (ATU). Il faut croire que les avancées de la recherche en biotechnologie constituent un grand espoir pour venir à bout de maladies résistant à toutes les thérapeutiques, comme le sida. Le Pr Kamel Sanhadji, directeur de recherche à l'hôpital Edouard-Herriot et à la faculté de médecine de Lyon (France) a exposé des axes de recherche sur des schémas de thérapie génique et de vaccins contre le VIH. Souhila H.