RESUME : Karim contemple la beauté de Donya qui le trouble étrangement. Cependant celle-ci ne veut pas lui parler. Son frère aîné est charmé par les réparties de cette fleur. Ryma, concernée, interpelle Karim, avouant que sa sœur n'a cessé de pleurer le jour où il lui a parlé au parc. Donya s'extirpe de sa chambre pensant que Karim était blessé, mais cela n'était qu'un mauvais tour rusé de sa sœur pour que son cousin la confronte... Donya montait les escaliers tel un soldat, démontrant sa colère, je ne peux la laisser partir fâchée contre moi, c'est ainsi que je lui avoue : - Donya, je suis blessé, viens me soigner. Ryma voyant que la conversation devenait sérieuse agrippe le bras de mon frère et l'emmène à la cuisine, là où ma tante et sa fille faisaient la vaisselle, pendant que les enfants de Djamila dormaient dans le lit de leur grand-mère. Donya arrête d'avancer, elle ne se tourne pas, et la voix tremblante me révèle : - Sais-tu combien j'ai souffert de ton absence ? Chaque jour, je me demandais si tu allais bien, est-ce qu'on te traitait avec le respect qui t'es dû ? Est-ce que tu avais froid ? Mangeais-tu à ta faim ? Avais-tu une lampe pour éclairer la noirceur de tes soirs ? Tant de questions et personne à interroger pour y répondre. Chaque jour, dans cette chambre qui fut la tienne, je ressassais nos souvenirs, me rappelais ce que tu me promettais, me disais qu'enfin de compte tu allais revenir… Je l'écoute pleurer, elle ne peut plus parler, alors je continue pour elle : - Tu te demandais si je reviendrais un jour, tu te disais qu'il avait refait sa vie ailleurs et ne reviendrait jamais… - Oui ! me coupe-t-elle la parole. Oui Karim, c'est vrai, j'ai peur de te perdre ! - Comment peux-tu penser cela Donya ? Tu es ma cousine, je ne te laisserai jamais ! - Ta… cousine ? C'est tout ce que je représente à tes yeux : une gentille cousine ? - Tu sais bien que tu es ma Donya ! - Karim… vas-t-en ! Tu me blesses avec tes mots ! Je ne veux plus espérer, pars avant que je ne jure de t'effacer de ma vie. - Tu ne peux pas faire ça, je ne te laisserai pas m'oublier comme ça ! - Crois-tu que je puisse oublier tes traits ? se tourne-t-elle en larmes. Chaque jour je porte ton visage dans mes pensées, tu hante mon esprit et, à cause de ça, il m'est difficile de respirer en ta présence, j'étouffe quand je suis avec toi… J'étouffe car tu ne me vois pas comme je te perçois, et ça me tue ! - Donya… je vais partir demain… Tu ne me verras pas avant très longtemps… - Bonne route ! s'exclame-t-elle en se dépêchant de s'enfermer dans sa chambre. Je suis surpris par ses révélations, mais aussi content qu'elle pense encore à moi et très triste que cette pensée la rende amère. Ce soir-là, je quitte en compagnie de mon frère, qui préféra m'emmener dans son appartement qu'il loue avec un ami, à Alger-Centre. Je suis surpris de voir qu'il possède une luxueuse voiture, mais il m'affirme que c'est celle de son colocataire, qui la lui prête autant de fois qu'il en a envie. En route, on discute, du moment où il a quitté le pensionnat, dont il garde de mauvais souvenirs, mais atteste aussi : - Je n'ai pas vécu là-bas mes plus beaux jours d'enfance certes, mais ne suis pas rancunier pour autant, je me suis fait plein d'amis, et je n'aurais jamais pu entreprendre de vivre tout seul et me trouver un travail tout en continuant mes études si ce n'est grâce à cet endroit. C'est grâce à ça, en fait, que ma personnalité s'est forgée. Je l'interroge intrigué : - Quelles études suis-tu déjà ? Il me regarde avec un sourire qu'il essayait de dissimuler en vain : - Je veux devenir avocat. - Quoi ? Avocat ! Tu disais que c'est le dernier métier que tu ferais ! - Eh bien, j'ai changé d'avis. - Tu disais que tu ne voulais pas suivre les traces de nos parents… et tu veux devenir avocat comme maman ? - Arrête d'être étonné pour si peu, et puis j'ai croisé dans ma vie plusieurs personnes qui connaissaient maman, et dont elle était l'avocate, ils me remerciaient chaleureusement et me forçaient d'accepter leurs invitations, et j'ai eu bien des avantages grâce au nom de ma chère maman. - Je vois. Alors tu as changé d'avis sur nos parents, et cette éducation stricte ne te rebute plus. - Oh non ! Je suis toujours de cet avis, je n'éduquerai jamais mes enfants à fuir le monde et à cacher leurs sentiments ! Mes enfants seront libres de faire ce qu'il leur plaît. Je dis juste qu'aujourd'hui, avec du recul, je comprends mieux les peurs et craintes de ma mère, elle essayait de nous protéger… Mais de la mauvaise manière… en nous enfermant dans une bulle où elle peut nous surveiller sans qu'on ne manque de rien... ou presque. On arrive devant l'appartement, il y a un parking payant juste à côté, où Khalil gare la voiture en me demandant de l'attendre devant l'immeuble. Je voyais des jeunes du quartier qui discutaient adossés au mur, et en voyant mon frère ils se ruent pour plaisanter avec lui. Ils s'amusaient à danser en évoquant qu'un gars de la clique avait trouvé du travail et qu'il allait finalement demander en mariage son amoureuse sans avoir peur du refus. Khalil riait avec eux, et en me voyant restant au loin à l'attendre sagement, il me désigne du doigt, pour que ses amis me localisent. (À suivre) H. B.