Alors que plusieurs mouvements de protestation des travailleurs sont menés dans différents secteurs d'activité, le secrétaire général de l'UGTA, Abdelmadjid Sidi-Saïd, va réunir aujourd'hui à l'hôtel Essafir son état-major, notamment les secrétaires généraux des fédérations et ceux des unions de wilaya pour évaluer “les résultats de la 14e tripartite et discuter de la stratégie organisationnelle”. Selon nos informations, le secrétaire général de l'UGTA va saisir cette occasion pour évoquer le malaise qui prévaut dans certains secteurs d'activité où les syndicalistes de base ont choisi la contestation pour se faire entendre. Le secrétariat de l'UGTA va également mettre à profit cette réunion pour tenter, non seulement de revoir sa stratégie en matière de revendication pour absorber la colère de la base syndicale qui ne cesse de contester les résultats de la dernière tripartite, mais aussi pour prendre en charge efficacement leurs revendications. Les lettres qu'il a envoyées récemment aux ministres du Travail et de l'Emploi et à celui de l'Industrie, de la PME et de la Promotion de l'investissement leur demandant d'“agir” auprès des entreprises de la zone industrielle de Rouiba qui bafouent le droit des travailleurs est un signe révélateur d'un changement que la centrale veut désormais adopter pour éviter la démobilisation de sa base et la défection de ses adhérents, mais aussi pour éviter une éventuelle explosion de la situation sociale qui risque de déborder. C'est le cas de Rouiba où les syndicalistes de la zone industrielle s'apprêtent à faire sortir dans la rue 20 000 travailleurs pour dénoncer “les injustices, la violation du droit du travail, la hogra, le mépris affiché par certains dirigeants d'entreprise, entre autres”. Les syndicalistes de cette zone ont, par ailleurs, profité de la tenue de cette réunion pour interpeller les fédérations et les unions de wilaya à appuyer leurs revendications et à se solidariser avec eux. Rappelons qu'à Hassi-R'mel, les travailleurs de cette importante région tout aussi névralgique que Rouiba ont failli créer un syndicat autonome pour défendre leurs droits, n'était l'attitude de leur fédération qui s'est montrée publiquement solidaire avec leurs revendications comme avec celles des travailleurs de GTP. Même les unions de wilaya ont sensiblement modifié leur attitude ces derniers mois, en apportant leur soutien aux travailleurs comme c'est le cas à Hassi-R'mel et In Aménas où les unions de wilaya d'Illizi, de Ouargla et de Laghouat n'ont pas hésité à envoyer des messages de soutien, notamment aux travailleurs de GTP et à ceux de Sonatrach. Mais la centrale doit mettre les bouchées doubles pour rattraper le retard qui la sépare de sa base comme cela a été vérifié dernièrement à Tizi Ouzou où les retraités et les syndicalistes de cette région ont tiré à boulets rouges sur Sidi-Saïd en lui reprochant d'avoir fait trop de concessions au gouvernement. À noter également que cette réunion intervient à quelques jours seulement de la rentrée en vigueur du nouveau salaire de base fixé à 18 000 da et la crainte de certaines entreprises de ne pas pouvoir assurer les salaires de leurs travailleurs avec cette nouvelle configuration. M. T.