Les malades atteints de cancer souffrent doublement au Centre anticancéreux de Blida à cause du manque flagrant de médicaments. Si certains malades sont renvoyés dès qu'ils mettent le premier pas à l'hôpital, pour d'autres, qui sont hospitalisés, les paramédicaux font semblant de les traiter et font même le geste de perfusion en exhibant devant eux les derniers flacons de médicaments pour leur faire croire qu'il n'y a pas de rupture. Ces gestes de “tromperie”, qui sont faits quotidiennement, provoquent une certaine consternation chez ces derniers qui n'approuvent pas cette situation. “Nous sommes en train de leur donner un tiers de la dose prescrite, chose qui aggrave davantage la santé du malade dont certains sont au stade avancé de la maladie”, explique un surveillant médical. Ce dernier, avoue que le moindre médicament pour le traitement d'un cancéreux n'existe pas. Il cite le 5. SI, un médicament administré pour diminuer les risques emboliques, l'acide folique, un médicament qui pourrait réduire les risques du cancer du larynx et l'Herceptin, un traitement pour les femmes atteintes de cancer du sein. Ce type de cancer, particulièrement agressif, nécessite l'utilisation d'une thérapie spécifique -généralement à l'Herceptin- pour bloquer la protéine HER2, qui favorise la profération des cellules cancéreuses. Selon le surveillant médical, une thérapie peut coûter jusqu'à 12 millions de centimes chez le privé. “Pour nous, l'année de 2011 a été l'année où l'on a connu le plus de manque de médicaments”, a déclaré le Pr F. Smaïli, responsable du service d´oncologie médicale au CAC de Blida. Elle confie aussi qu'elle n'a pas cessé d'envoyer des recommandations aux responsables de la pharmacie centrale pour commander des médicaments manquants, mais ses doléances sont restées sans réponse. Elle n'a pas cessé de lancer des SOS aux responsables du ministère pour qu'ils réagissent en alimentant le CAC de Blida en médicaments, pour sauver des vies humaines, en vain. Tout porte à croire que le Centre anti-cancéreux de Blida, très sollicité pour les examens en chimio et radiothérapie par des malades qui viennent de l'ensemble des wilayas du pays, peut devenir plutôt un mouroir s'il n'est pas alimenté de toute urgence en médicaments. K. FAWZI