Résumé : Feriel ne savait plus à quel saint se vouer. Elle pressentait déjà la réaction de Nazim qui refusera à coup sûr sa “pitié”. Mais elle savait aussi qu'elle ne devrait pas l'abandonner alors qu'il avait besoin d'elle plus que jamais. Hélas ! ses parents ne seront sûrement pas de cet avis. Elle regarde par la fenêtre et remarque des roses blanches qui poussaient dans le jardin de l'établissement. Elle se rappelle alors que Nazim lui avait offert des roses pour son anniversaire. Des roses blanches, roses et rouges. Elle avait tout de suite piqué une rose rouge dans ses cheveux et soulevé le pan de sa jupe, tout comme les danseuses du flamenco. Ils avaient esquissé alors des pas de danse et s'étaient amusé comme des enfants. Elle laisse tomber le rideau et revint vers son lit. Elle s'allonge et se met à regarder le plafond. Aura-t-elle le courage de s'opposer à sa famille et de rester auprès de Nazim ? Elle passe toute la nuit à se reposer la question, sans pourvoir trancher. Vers le milieu de la matinée, sa mère vint la chercher : - Tu es encore en pyjama, s'écrie-t-elle ? - Ce n'est rien maman, je vais m'habiller. - Je pensais te trouver déjà prête. Elle fronce les sourcils et s'approche d'elle : - Tu n'as pas l'intention de prolonger ton séjour dans cet hôpital que je sache ? Feriel secoue la tête : - Non. Bien sûr que non. Mais je devrais rester au chevet de Nazim. Ce n'est pas juste de le laisser ainsi dans l'état où il se trouve. Sa mère la prend par les épaules et l'incite à s'asseoir : - Tu es sérieuse Feriel ? La jeune fille laisse échapper un flot de larmes : - Oh maman ! c'est terrible ce qui nous arrive. - Allons… allons… il n'y a rien qui mérite autant d'affliction. - Nazim est défiguré. Il n'a plus de visage. Il ne sera plus jamais comme avant. Sa mère la regarde dans les yeux : - Cesse donc de t'apitoyer sur lui. Il n'a que ce qu'il mérite. Cet accident est une bonne raison pour que tu consentes enfin à regarder la vérité en face. Tu mérites un meilleur parti. Nous n'avons plus rien à voir avec cet homme. Ton père a déjà réservé des billets d'avion. Nous irons toutes les deux passer quelques jours en Italie… - Mais maman… tu n'y penses pas... je ne devrais pas abandonner Nazim dans l'état où il se trouve. - Efface donc le nom de Nazim de ta tête. Tu verras que cela ira beaucoup mieux pour toi. Elle se met à jeter pêle-mêle les affaires de la jeune fille dans un sac, et lui tendit une robe : - Tu seras plus coquette après un bon bain et un passage chez la coiffeuse. En attendant, enfile cette robe et suis-moi. Feriel s'exécute. Tel un robot, elle s'habille et suit sa mère. Cette dernière se hâte vers la sortie, puis se retourne : - Je trouve ton pas trop hésitant. Ne sois pas têtue… Tu devrais plutôt t'estimer heureuse d'être sortie indemne de cet accident. Que deviendrais-tu si tu n'avais plus de visage toi aussi ? Feriel s'écrie : - Maman… je ne sais pas si tu as un cœur, une âme ou quelque chose qui y ressemble. Tu es d'une insensibilité incroyable. - Peut-être. Mais c'est mieux ainsi… Sinon je ne sais pas ce que vous serez devenus toi et ton père. Quand comprendras-tu donc que la sensibilité est l'apanage des gens faibles d'esprit ? Feriel ne répondit pas. Elle jette un coup d'œil dans le grand couloir et se dit qu'elle aurait dû s'en tenir à sa parole et revoir le docteur Nabil, et Nazim….Mais sa mère n'était apparemment pas de cet avis. Trop lasse pour opposer une résistance, elle se dirige vers la sortie en ayant l'impression d'avoir failli à son devoir. Quelque chose en elle la tourmentait… Serait-ce le remord ? Elle n'en savait rien… Bientôt ses parents lui feront oublier tout ce mauvais passage. À suivre Y. H.