Le président du HCI défend moins bien la révision du code de la famille que son prédécesseur, le défunt Abdelmadjid Meziane. Le président du Haut conseil islamique (HCI), Cheikh Bouamrane, invité hier du Forum d'El Moudjahid, a donné un avis plutôt mitigé sur la révision du code de la famille. “Une commission travaille sur ce dossier, patientons pour connaître ses résultats”. Il a ajouté néanmoins : “Ce code doit être, toutefois, réfléchi par des personnes qui possèdent le sens des équilibres sociaux.” Il a estimé que la société ne pourra tolérer que les dérives de l'Europe lui soient imposées. Il a cité alors un exemple très éloigné des préoccupations des Algériens : le mariage entre homosexuels. À partir de là apparaît la frilosité du président du HCI quant aux amendements de fond envisagés. “Le code de la famille n'est pas à jeter. Seuls les articles devenus obsolètes doivent être amendés”. Il a affirmé qu'il sera très difficile de faire admettre la suppression du tutorat sur la femme. “Les habitudes sociales et les mentalités prendront le dessus sur une disposition pareille”. Il a soutenu, par ailleurs, que la femme divorcée n'a aucun droit sur son ex-mari. “Elle ne peut rien lui demander. Le père a l'obligation d'assurer un toit à ses enfants”. En clair, pour le président du HCI, il ne convient pas de parler du droit de l'épouse divorcée au logement conjugal, mais plutôt du droit des enfants à une maison. Quant à la polygamie, il ne sied même pas de parler de son abolition, du moment qu'elle est autorisée par la religion. “Les limites imposées à la polygamie par l'islam sont très strictes”, a néanmoins nuancé M. Bouamrane. Il a souligné que l'homme ne peut prendre une seconde épouse que si sa première femme souffre de stérilité ou de maladie grave, ou encore s'il a besoin de main-d'œuvre ouvrière (c'est-à-dire faire des enfants pour l'aider à exploiter ses biens). Manifestement, l'actuel président du HCI défend moins bien la révision du code de la femme, très injuste envers la femme, que son prédécesseur le défunt Abdelmadjid Meziane. Ce dernier avait organisé, en octobre 2000, un colloque international sur le code de la famille qui a révélé l'obsolescence de cette loi et surtout les largesses de l'islam en matière des droits des femmes. Une ouverture d'esprit qui lui a valu les attaques virulentes des islamistes. Cheikh Bouamrane s'est prononcé, par ailleurs, favorable à l'interdiction de l'importation des boissons alcoolisées, au motif que “les méfaits de l'alcool sont connus mondialement”. S. H.