Les statistiques sur le phénomène datent de 1947 et révèlent que 3% des Algériens sont polygames. «La polémique sur le code la famille est le résultat de la lutte entre les extrêmes.» C'est par cette évidente et rationnelle appréciation que cheikh Bouamrane a tiré son épingle du jeu vers lequel voulaient l'entraîner certains journalistes venus couvrir l'événement. Car, comme cela était fort prévisible, lors de son passage hier au forum d'El Moudjahid, le président du Haut Conseil Islamique (HCI) était attendu sur les questions qui rongent la société algérienne. Les fameux amendements du code de la famille, la polygamie, l'interdiction de l'importation des boissons alcoolisées ont été ainsi les principales interrogations autour desquelles s'est articulé le débat avec les présents. D'emblée, et après avoir présenté dans une courte intervention les différentes missions de son institution (études, publications et organisations de colloques sur l'islam), l'éminente personnalité s'est penchée sur les thèmes qui retiennent actuellement l'attention de l'opinion nationale. Sur les rapports hommes- dans le cadre sacré du mariage, codifiés par des textes du fameux Code de la famille voté en 1988, l'orateur a particulièrement mis l'accent sur les deux points qui posent problème selon lui: ce sont «le divorce et ses conséquences sur les enfants» et sur le «rôle du tuteur dans le mariage de la femme». Cheikh Bouamrane a remarqué que cette loi de l'Etat, adoptée il y a presque 20 ans, va être amendée prochainement selon ce qui a été annoncé au lendemain de l'installation auprès du ministère de la Justice d'une commission de réflexion et de révision. Il a aussi rappelé que le HCI, qui a déjà organisé un colloque sur ce thème, a délégué deux représentants à cette commission. Pourquoi amender seulement? Parce que selon M.Bouamrane «tout le code n'est pas à jeter». «Il s'agit de rénover les articles qui ne tiennent plus» et de démystifier un thème galvaudé à tort et à travers par le premier venu des deux camps qui se disputent la raison d'être de cette loi. Faut-il mentionner, comme l'a fait le président du HCI, que ce code de la famille tant décrié par certains milieux permet à «une femme divorcée de se remarier sans au uteur», et que le «père des enfants d'un divorce est tenu de leur assurer un toit». En outre, à une question relative à la polygamie, l'orateur a révélé que son institution n'a pas de chiffres sur le phénomène. Il s'est référé à des statistiques datant de 1947 et selon lesquelles 3% des Algériens sont polygames. Sans oublier, a-t-il dit, que «l'islam exige des conditions draconiennes pour être polygame et, par ailleurs, on n'interdit pas ce qui est dans le Coran». L' apparente contradiction entre l'interdiction de l'importation des boissons alcoolisées contenue dans la loi de finances de 2004 et l'encouragement par les pouvoirs publics à la production de ces mêmes boissons en Algérie ne semble pas si évidente car selon cheikh Bouamrane «l'interdiction obéit à des considérations purement économiques». De même, à la question de savoir si la réhabilitation ces derniers temps des zaouïas est innocente ou empreinte d'arrière-pensées politiciennes, le conférencier a rappelé que ces zaouïas furent d'abord «les artisans de la résistance anti-coloniale avant d'être des victimes du système colonial, et donc, ce n'est là qu'un retour innocent à la source».