L'invité du CRSS, un ancien du FIS, s'est cru sur un minbar en se livrant à un véritable prêche sans rapport aucun avec le thème en question. Connu pour être un espace de débats démocratiques et ouverts sur des questions politiques, culturelles, sociales et sociétales ou autres, le Centre de recherche sécuritaire et stratégique, (CRSS), dirigé par le professeur M'hand Berkouk, est-il en train de devenir une tribune privilégiée des islamistes ? Après le récent passage d'un certain Anis Nakache, un ancien militant libanais condamné à la réclusion criminelle, hier c'était au tour d'un militant de l'ex-fis, un certain Kamel Chekkat, aujourd'hui présenté comme islamologue et membre de l'Association des ulémas musulmans algériens, de profiter de cette tribune offerte pour y faire son “prêche” mettant en avant son “rêve d'un Etat musulman”. “Oui, j'ai voté pour le FIS et je rêve d'un Etat musulman”, a déclaré l'invité du CRSS, en guise de réponse à M. Berkouk qui tentait de convaincre l'assistance de la conviction de M. Chekkat, universitaire, de “l'impossibilité d'édifier un Etat islamique”. “Non ! Je n'ai jamais dit ceci. J'ai dit seulement qu'il serait compromettant de démarrer par une fausse notion, mais je n'ai pas dit qu'il était impossible d'édifier un Etat islamique, au contraire je rêve d'un Etat musulman !” a répliqué à son hôte le militant du FIS dessous. S'il tente d'habiller sa pensée “fisiste” en feignant de se démarquer des idéaux des salafistes, le discours développé par M. Chekkat n'a rien à envier aux prêches de vendredi que, lui-même, tenait dans la mosquée lorsqu'il exerçait comme imam prêcheur. Un discours qui n'a, en revanche, aucun rapport avec le thème initialement défini à cette rencontre, à savoir “l'islamisme à l'ère de la mondialisation”. À telle enseigne que l'invité du CRSS a déçu presque toute l'assistance, dont M. l'ambassadeur du Venezuela à Alger, et d'éminents universitaires, attirés par ce thème de l'heure, mais sûrement pas par le prêche de l'imam. Ce prêche qu'il a d'ailleurs fini par reconnaître tant, avoue-t-il, il n'est pas rompu à l'exercice d'animer une conférence sur un thème hors du discours purement religieux. “À vrai, j'ai toujours eu en face de moi des adeptes, et naturellement aujourd'hui, je suis ici pour faire encore mon prêche ; je suis ici pour apporter mon concept de l'Islam dans le souk, (marché), des concepts”, a concédé l'imam. Pour Kamal Chekkat, vraisemblablement ragaillardi par la percée islamiste dans certains pays de la région, “aujourd'hui, ce serait une erreur monumentale de bannir la religion de la sphère politique”. Lui qui croit dur comme fer que, désormais, il ne reste plus qu'à “poser les règles sur lesquelles doit être accès le droit musulman”. F.A